29 octobre 2019

La Tech4Good, ce hashtag qu’on voit partout

Depuis quelque temps maintenant, suite à la prise de conscience collective autour du développement durable et aux impacts négatifs que peuvent générer l’innovation et le digital, on voit apparaître le terme Tech4good. En effet, ce concept se développe de plus en plus dans le milieu de la startup notamment mais est également soutenu par nos politiciens. Cet article a pour objectif de peindre un portrait rapide de ce concept en pleine expansion.

Qu’est ce que la Tech4Good ?

Notre société connaît régulièrement des changements surtout depuis le début de l’ère du numérique. Petit à petit nous prenons conscience des effets que cette révolution peut avoir au niveau économique, sociétal et environnemental. Cette prise de conscience est un nouveau tournant dans l’industrie de l’innovation laissant place à l’envie d’innover pour le bien commun. Comme le suggère Clément Bastide, fondateur de l’agence digitale OutRun, la Tech4good introduit les notions de bienveillance et de durabilité dans l’innovation.

“Pour moi, la Tech for Good désigne l’idée de passer de l’innovation au progrès. On imagine des concepts basés sur des idées qui pourrait nous aider à mieux vivre, car elles ont un impact direct sur l’individu et la société. Aujourd’hui, la technologie nous permet de répondre à des enjeux qui nous dépassaient il y a quelques années, mais pose également de nombreuses questions auxquelles il est important de répondre. Par exemple, comment instaurer ces mesures dans les mœurs sans bouleverser un mode de fonctionnement déjà établi ?” - Clément Bastide, Comprendre la Tech for Good en 3 questions, culture-formations.fr, mai 2019

#HealthTech - La startup française “Pixee Medical a mis au point un dispositif qui vise à appliquer la réalité augmentée à la chirurgie du genou puis de l'épaule, en guidant le praticien grâce à des lunettes connectées, à la façon d'un GPS.” voir l’article des Echos.

En effet, si l’on prend l’exemple des réseaux sociaux comme Facebook, ils ont été populaires très vites. Peu d’entre nous aurait pu prévoir les impacts que cela a pu avoir sur nos vies. En s’imposant, les réseaux sociaux ont changé notre quotidien et ont participé au  façonnage de nouvelles problématiques sociétales : l’expansion du cyber harcèlement, le body shaming, la sur-médiatisation, l'instantanéité, l’apparition de nouveaux métiers, entre autres.

Vous l’aurez compris, la Tech4good souhaite anticiper ces impacts - surtout négatifs - tout en continuant à améliorer nos vies quotidiennes. Par soucis d’inclusion et de bienveillance, elle s’intéresse à des sujets peu mis en lumière jusqu’ici et de nouveaux sous-mouvements font leur apparition :

  • La Tech 4 climate change ou la GreenTech qui propose des solutions aux problématiques liées au réchauffement climatique;
  • La Health Tech ou la Tech4health qui permet de rendre accessible les prothèses grâce à l’impression 3D ;
  • La CivicTech et HandiTech traitant tous deux de l’inclusivité sociale et citoyenne ;
  • l’EdTech ou la Tech4Education avec par exemple la VR comme nouvel outil pédagogique.

Ainsi, des industries traditionnelles sont en plein changement.

#EdTech -Lalilo est une application web construite avec les professeurs des écoles et pour les professeurs et leurs élèves. Elle permet un suivi en classe et à la maison.”

Un mouvement global

Il est certain que ces questions autour de l’impact positif que peut avoir la Tech sur la société sont maintenant au coeur des débats. Il semblerait qu’il y a un réel désir d’innover pour la société et non plus seulement pour la technologie comme on a pu le voir lors de VivaTech en début d’année. En effet, tout au long de ces 3 jours de salons ont eu lieu des conférences autour de cette thématique afin de sensibiliser les gens. On y voit une réelle opportunité : la 4ème Révolution Industrielle, l’Industrie 4.0, au service de l’Humain. Cet essor autour de la Tech4Good sollicite également l’intérêt de financement conséquent et l’appuie de grands groupes. En effet, selon l’étude de Tech In France et PwC France et Afrique francophone, voici quelques chiffres clés qui représentent la Tech4Good :

  • Sur 120 entreprises retenues par l’étude, plus de 50% ont eu une levée de fond d’au moins 1 million d’euros.
  • Près de ⅔ des entreprises dans la Tech4Climate ont levé plus d’1 million d’euros.
  • 7% des 120 entreprises ont levé plus de 10 millions d’euros.

A cet engouement économique s’ajoute un appui de la part de la société civile avec des initiatives associatives et un fort soutien de la part du gouvernement.

#HandiTech - Wheeliz, la location entre particuliers de véhicules aménagés. Voir d’autres startups françaises issues de la HandiTech.

Qu’en disent les gouvernements ?

Depuis quelques années maintenant, on voit de plus en plus de politiciens s’intéresser à l’innovation technologique. En effet, cette évolution technologique constante soulève de nouvelles problématiques de gouvernance notamment en ce qui concerne la gestion de la Data, la dématérialisation des Services Publics, de nouveaux modes de transports, la transformation des villes, etc. Les gouvernements doivent donc s’adapter et développer de nouvelles protections citoyennes. Les politiciens ont non seulement un devoir de protection envers les citoyens mais aussi envers la planète tout en développant économiquement le pays.

C’est ce qu’ont mis en avant les évènements successifs de ce milieu d’année 2019 :

  • Le 2ème Sommet de la Tech4Good eu lieu le 15 mai dernier à l’Élysée. Son objectif fut de réfléchir avec des acteurs de l’innovation, au développement technologique pour un impact positif sur la société. Cette année 5 ateliers étaient au programme : l’accès à l’éducation; la diversité, le travail, l’inclusion sociale et la protection de l'environnement. 
  • L’engagement de chef d’Etat, le même jour que le sommet, de dirigeants d’entreprises  via “L’appel de Christchurch” pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme en ligne.
  • VivaTech 2019 durant lequel la sécurité digitale fut au centre des des priorités politiques. En effet, Justin Trudeau, premier ministre Canadien, a insisté sur l’importance de l’implication des gouvernements dans l’innovation et dans cette 4ème révolution industrielle que nous traversons : “hate and extremism are thriving online” ( "La haine et l'extrémisme prospèrent en ligne"). Comme nous l’ont montré les élections américaines, le Facebook Data Leak, la diffusion live de attentats de Christchurch ou encore la propagation en masse des fake news, la sécurité en ligne est plus que jamais incertaine. 

#GreenTech - Chouette, la startup qui permet aux viticulteurs de surveiller leurs vignes à l’aide de drones. Découvrir d’autres startup de la GreenTech.

La succession du Sommet pour la Tech4Good, “L’appel de Christchurch”, puis de Vivatech 2019 lance un message pour que les acteurs de l’innovation, de la startup au gouvernement, se rassemblent pour avancer ensemble pour une société plus sûr, plus équitable et plus saine. Quel cela soit un coup de com’ ou une mise en action sincère, cela est un autre débat.

Que penser de tout ça ?

Effectivement, tout cela est bien but what next ? On va se heurter inévitablement aux GAFA dont l’influence sur le monde économique est telle qu’on en peut pas les ignorer et encore moins ne pas les inclure dans la démarche. Le projet réel perd de sa valeur, de son impact. Les sanctionner c’est aussi se punir économiquement mais aussi culturellement puisqu’ils sont ancrés dans nos moeurs. Qui ne publie pas ses vacances sur les réseaux sociaux ? Qui ne communique pas à distance via Whatsapp ? Qui ne cherche pas à limiter ses coûts au quotidien tout en gardant un confort et une liberté de mouvements ? Dans le même genre, le Sommet de la Tech4Good fut peu médiatisée mais y été présents le PDG de Twitter notamment ou encore des représentants de Delivroo. Super qu’ils soient présents mais eux aussi ont beaucoup à faire pourrait-on dire. Bref, la controverse sera toujours là.

Pour conclure, la Tech4good ce n’est pas qu’un coup de pub en investissant dans des produits pour la conscience des consommateurs mais aussi un état d’esprit et une attitude éthique dans sa globalité (interne et externe). Les investissements semblent aller vers des innovations plus bienveillantes, la technologie et le développement durable ne sont plus vus comme des adversaires. Peut-on penser que cette Tech4Good est la réponse à la crise mondiale et sociale que nous traversons ? ou est-ce un nouveau genre de green washing ?



Amandine Guegano —  UX & Service Designer @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.
Crédits : Jeremy Lanfranchi - Power Tree Singapore

16 janvier 2024

Comment l’IA va transformer le quotidien digital des professionnels en 2024

Comme tous les ans le CES Las Vegas donne le ton de l’année pour toute la Tech. Et cette année 2024 semble sous le signe de la vague de l’IA et ses concrétisations dans notre quotidien des mois et années à venir...

Alors qu’en sera-t-il en 2024 pour LES UTILISATEURS DE VOS SOLUTIONS SAAS ET PLATEFORMES DIGITALES MÉTIER ?

Voici selon use.design, 6 exemples de cas d’usages de l’IA qui vont révolutionner le Quotidien Digital des Pros en 2024 et ainsi vous apporter de nouvelles opportunités :

Cas d'usage #1 - Le SaaS / La plateforme me reconnait...

👷🏻‍♀️ En tant qu’utilisateur.trice d’un SaaS ou d’une plateforme : l’IA peut m’identifier parmi une grande diversité d’utilisateurs.trices, savoir quel est mon poste et mon rôle dans l’entreprise, mais également situer mes besoins, mes activités et mes usages pour ainsi faciliter mon parcours et mon quotidien digital.

🧑‍💻 En tant qu’éditeur d’un SaaS ou d’une plateforme : je dois par exemple développer une IA qui identifie chaque utilisateur selon son PERSONA. Cela veut dire que mon équipe Produit a parfaitement cartographié ces profils utilisateurs, et les a primo- enrichi pour alimenter l’IA.

Cas d'usage #2 - Je discute avec la plateforme...

👷🏼‍♂️ En tant qu’utilisateur.trice d’un SaaS ou d’une plateforme : j’ai un rapport différent avec l’IA car je discute, je converse avec elle. En effet, j’interagis d’une manière qui m’est plus naturelle que les interfaces classiques. J’exprime directement et de manière transparente mon besoin.

👩‍💻 En tant qu’éditeur d’un SaaS ou d’une plateforme : je dois proposer une interface utilisateur de mon IA sous forme d’interface conversationnelle. Mon équipe Produit doit ainsi se poser la question de sa temporalité (présence permanente ou temporaire), et de sa place (lieu et vie).

Cas d'usage #3 - La plateforme s’adapte à mon comportement...

👷🏾 En tant qu’utilisateur.trice d’un SaaS ou d’une plateforme : je suis accompagné par l’IA dans mon utilisation au quotidien, et ce, quels que soient mes besoins du moment. L’IA est capable d’adapter ma plateforme suivant mes comportements, en toute transparence et simplicité, sans friction.

👨🏻‍💻 En tant qu’éditeur d’un SaaS ou d’une plateforme : je dois suivre les indicateurs de mon IA et de ma plateforme pour étudier et comprendre les comportements de mes utilisateurs. Mon équipe Produit doit donc être parfaitement associée à mon équipe Tech dans le cycle de vie de mon IA.

Cas d'usage #4 - La plateforme anticipe mes besoins...

👷🏽‍♀️ En tant qu’utilisateur.trice d’un SaaS ou d’une plateforme : je peux compter sur l’IA pour me proposer les bonnes fonctionnalités en fonction de mes besoins. Elle me connaît et connaît aussi de nombreux autres utilisateurs et peut ainsi anticiper mes besoins en prenant les bons exemples sur d’autres.

👩🏾‍💻 En tant qu’éditeur d’un SaaS ou d’une plateforme : je considère mon IA comme un compagnon (côté Quanti) des études Quali, que je continue à réaliser avec mon équipe Produit. Je vois avec mon équipe Tech comment ces dimensions Quali et Quanti peuvent dialoguer ensemble et se compléter.

Cas d'usage #5 - Je m’améliore grâce à la plateforme...

👷🏻‍♀️ En tant qu’utilisateur.trice d’un SaaS ou d’une plateforme : l’IA apprend constamment sur moi, mes besoins et mes usages, ainsi elle sait me pousser de bonnes pratiques, m’aide à me former, à mieux collaborer. Au final elle m’aide tout simplement à m’améliorer dans mon métier.

👨🏽‍💻 En tant qu’éditeur d’un SaaS ou d’une plateforme : je me sers de l’IA en amont pour m’apporter des Insights utilisateurs, et en aval pour proposer à mes utilisateurs des bonnes pratiques. J’associe les équipes Marketing, Formation, et Support à l’enrichissement de ces contenus.

Cas d'usage #6 - La plateforme me permet d’être plus efficient...

👷🏽‍♂️ En tant qu’utilisateur.trice d’un SaaS ou d’une plateforme : l’IA Générative me permet d’accélérer ou d’automatiser certaines tâches. Je peux ainsi me focaliser sur d’autres activités plus valorisantes, ou me faire aider en partant de ces bases de texte, d’image, de son, de vidéo (...) que l’IA peut me proposer.

👩🏼‍💻 En tant qu’éditeur d’un SaaS ou d’une plateforme : j’imagine, je prototype et j’évalue avec mes équipes R&D (Tech, Produit, Marketing) toutes les opportunités d’IA Générative. En commençant par exemple avec les besoins utilisateurs à couvrir au travers de “Speech-to-...”

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31 janvier 2020

Le retour du retour du CES Las Vegas 2020 d’Olivier Ezratty

Êtes-vous déjà allé au CES à Las Vegas ? Vous en rêvez - ou pas ? Ou tout simplement vous voulez en avoir l’échos, voir le résumé ?

Et bien Olivier Ezratty est la personne rêvée depuis plusieurs années pour vous/nous proposer la synthèse de cet événement de la tech, de l’innovation, et du gadget.

Je vous invite à télécharger son dernier rapport sur le salon de cette année 2020 qui en près de 366 pages vous fait découvrir ce salon dans ses moindres recoins. 

Pour y être allé début 2016 avec mon associé, puis y avoir envoyé 2 de nos designers début 2019, je peux vous témoigner à quel point le travail d’étude et de synthèse d’Olivier est un véritable tour de force.

Le salons est tellement grand, et le nombre de produit exposé tellement délirant, qu’en faire les tour est impossible pour Monsieur tout le monde. Et s’en faire un idée cristalline au retour, s’avère être une mission impossible.

Le rapport d’Olivier est donc précieux. Et cerise sur le gâteau, il proposait hier au Forum des Images une présentation synthétique de son rapport sur le CES Las Vegas 2020.

Après une présentation rapide des organisateurs (Forum des Images & CAP Digital) et partenaires (Living Things, Systematic & Business France), Olivier a fait le show pendant près de 3 heures avec 2 autres co-animateurs, Fanny Bouton et Dimitri Carbonnelle, et des invités surprise. Merci à eux.

Comme cette présentation sera certainement bientôt disponible en Replay, je ne vais pas donc vous la résumer. Mais je vous propose de prendre ma plume pour vous faire part en synthèse des grands thèmes et tendances développées sur ce salon, les vrais et les faux :

Les 6 “fausses” tendance selon Olivier Ezratty

Après une partie de la présentation consacrée à l'événement dans son ensemble, Olivier a listé un certain nombre de tendances ou de thèmes qui sont “censé” refléter l’actualité de ce salon. Ce que j’ai apprécié dans les propos d’Olivier c’est sa capacité à poser un point de vue “raisonné” (et donc partial) sur ces sujets.

. "Des produits au solutions"

Comme quoi toutes les entreprises feraient disparaître leur produit aux profit de solutions (le plus souvent digitales) = non les produits sont encore bien présents, et peut-être trop car souvent futiles

. Des solutions centrées sur l’humain

Comme quoi toutes les entreprises découvriraient l’humain qui se cache derrière leur produit = non l’humain-client a toujours été dans le viseur des entreprises, et si on voit le verre à moitié plein, ce sont d’autres facettes que l’on découvre : l’utilisateur, l’usager, le citoyen, le patient… - ou si on voit le verre à moitié vide, c’est juste le nouveau “washing” du moment, le “humanwashing” Je penche pour les 2, avec 40% verre plein, et 60 verre vide 😉

. "Tout le monde peut faire de tout"

Comme quoi toutes les entreprises pourraient changer leur modèle au point de faire des produits contre nature de leur ADN. L’exemple avec la voiture de Sony = non, les entreprises tentent juste de démontrer leur valeur produit ou service au travers de nouveaux scénarios et contextes d’usages.

. "Les entreprises traditionnelles se transforment"

Comme quoi toutes les entreprises prendraient à bras le corps la transformation digitale = non, rares sont celles qui se transforment totalement au point d’être à 100% digitales

. "2020 année charnière"

Comme quoi toutes les entreprises n’auraient qu’à bien se tenir, car cette année c’est vraiment l’année charnière = euh, charnière de quoi exactement ? parce que si on y regarde depuis 15 ans les choses (au CES) ne changent pas beaucoup, et rien cette année ne semble prédire ce changement radical.

. "En 2023 on va tous voler en VTOL"

Comme quoi toutes les entreprises pourraient délaisser voitures de fonction et jets privés pour passer en mode abonnement UBER et hélico électrique autonome = on en reparle juste après dans la tendance “checking scientifique”.

Les 5 “vraies” tendance selon… moi (modestement)

Dans la suite de sa présentation, Olivier a présenté des exemples de produits remarquables par leur grand ou petit intérêt, et cartographiés en introduction par un très synthétique quadrant magique : futile / utile vs abordable / inabordable. 

Là encore je vous laisse le soin de regarder le rapport d’Olivier, et vous propose d’en extraire 5 thèmes ou tendances qui m’ont personnellement marqué :

. La gourmandise est dans le Futile

Ou comment on n’ose se laisser tenter et submerger par tant de produits inutiles et ce quelle que soit la catégorie. Rien n’y échappe, ni dans :

  • la santé (le dispositif pour renforcer votre équilibre alimentaire via l’apport de vitamines = le levier de la peur pour vous vendre une machine et une application, qui n’a pas plus de mérite qu’un bon livre sur le sujet et le conseil d’un médecin ou pharmacien), 
  • la cuisine (le distributeur de dose d’huile d’olive congelée = une machine pour reproduire un geste du quotidien sans aucune valeur ajoutée), 
  • Le jardin (la plante connectée avec écran qui vous sourit quand vous l’arrosez = donner une humanité artificielle ou la fausse connivence avec la nature)
  • la mobilité (les smartphone pliants = une innovation technologique sans usage), 
  • le salon (la télé 8K qui doit faire au moins 3m de diagonale = la surenchère technologique pour vous inciter à acheter encore et encore),
  • La maison (la boule robot Samsung qui vous surveille surtout quand vous tournez le dos = bigbrother déguisé en objet tout mignon pour vous faire croire qu’il est votre ami),
  • Les transports (la maquette de drone qui ne volera jamais = comment jeter par la fenêtre tout votre investissement en R&D),

Et j’en oublie…

Mais j’exagère, il y a avait également et fort heureusement de nombreux produits avec une certaine utilité 🙂

. L’absence du Durable

Ou comment on se rend compte que cette forte proportion d’objets inutiles, voir à faible valeur ajoutée, est un terrible gachi d’énergies et de ressources tant matérielles (matériaux, approvisionnement, fabrication, transport), que immatérielles (moyen humains, moyen financiers).

Comme si l’économie circulaire n’avait jamais tenté de passer la porte de ce salon. Peut-être en raison dans sa localisation, à Las Vegas, ville modèle du divertissement, en plein désert, donc bien à l’opposé de ce qu’on pourrait imaginer être une ville “durable”.

Jacques Attali en parlant de la Californie face à ses incendies, se demandait comment des esprits aussi brillants pouvaient se consacrer uniquement et entièrement à des chose aussi futiles ? Comment ne pouvaient-ils pas voir le monde, et ne serait-ce que leur été, leur ville, leur rue, disparaître sous les cendres ?

Et bien j’avais un peu la même impression lors de ma visite au CES en 2016, devant cette absence de recul, de prise de conscience, et de tant de moyens gâchés, alors que nous sommes entourés de causes qui mériteraient toutes notre motivation, nos forces, nos savoirs faire, notre créativité. Apparemment donc, en 2020, le CES continuerait à ne pas voir sa maison qui brûle ?

. L’espoir est dans la Résilience

Ou comment on commence à se poser des questions de produits et solutions locales pour répondre au besoin de ressources vitales (produire de l'électricité, traiter l’eau pour la rendre potable). Voilà l’espoir qui renaît, car effectivement, tous au CES ne détournent pas le regard face à l’incendie. Et chose que je n’avais pas vue en 2016, nombreux sont les produits qui se valorisent autour de la notion de Résilience.

Ce n’est pas une Résilience globale, planétaire et partagée par nos forces politiques et capitalistiques, mais plus modestement celle que notre quotidien révèle chaque jour : celle d’individus qui prennent “seul” le chemin de solutions d’avenir.

Hors cette notion d’individualisme, que l’on critique depuis de nombreuses année comme symptôme majeur de la “décadence de notre société”, révèle ici un autre visage que je considère comme un défi à cette inaction globale.

Que ce soient, un générateur et stockeur d'électricité à capteur solaire mobil et individuel, une serre pour les particuliers ou petites structures (écoles, entreprise, EPAD…) afin de produire leurs fruits et légume en “auto-suffisance”, ou un appareil à traitement des eaux issue de la condensation, tous mettent en avant le caractère local et à petite échelle de leur solution.

Tout comme un individu peut réveiller à lui seul les consciences, j’ai l’espoir que ces petits produits puissent générer, ou aider à générer, une conscience plus globale.

. Le Checking Scientifique nous sauvera

Ou comment on peut (et doit) douter de tout. Une des grandes qualités du travail et de la personnalité d’Olivier, qui a parfaitement transparu dans sa présentation de mercredi, et dont il s’est volontairement fait l’avocat cette année et pour les années à venir, est son état d’esprit d’ingénieur qui n’a de cesse de questionner ce qu’on lui présente.

Non seulement il questionne les usages - voir nos son approche futile / utile, plus haut - mais il questionne aussi et surtout la solution technique.

Et dans un show, une foire, comme le CES, il considère indispensable cette nécessité absolue de “Tech Checker” (comme on ferait du File Checking) les innovations produits, à la manière dont on se doit aujourd'hui de vérifier toutes les informations que l’on reçoit au risque d’être pris au piège des Fake News.

Ce qu’il sous-entend j’ai l’impression c’est que l’on peut tous être facilement victime de “Fake Tech”. Il cite par exemple :

  • les fausse bonnes idées d’innovation pour le batteries, où après étude du sujet, il considère aucune solution technologique comme miraculeuse ;
  • l’IA à toutes les sauces, même si après étude, il s’avère que au mieux on est face à une solution qui met en oeuvre un algorithme ;
  • le “Quantic Washing”, où de nombreux produits arborent le sign prometteur du Quantique pour vendre tout et n’importe quoi,
  • les capteurs en tous genre qui promettent monts et merveille alors qu’il ne fournissent en réalité aucun service tangible,
  • les véhicules volants en maquette dont peut douter de leur capacité physique à voler,
  • Une pomme de terre connecté qui nous permet de comprendre le langage et les émotions de la pomme de terre - Bravo à Nicolas Baldeck, le “Potatoman” pour cette démonstration par l’absurde…

Et à cette activité de checking scientifique qui permet de vérifier la faisabilité d’une innovation, je me permets de lui proposer d’ajouter :

. un checking côté viabilité économique = ce produit a-t-il un marché ? sera-t-il rentable ? viable ?

. un checking côté désirabilité = ce produit répond-il un réel besoin ? Est-ce réellement un solution centrée sur l’humain ?

. un checking côté durabilité = au sens large du terme sur ses dimensions écologiques et sociétales (voir notre livre blanc sur l’innovation durable).

. En attendant, le bonheur est dans le B2B

Ou comment on voit poindre selon moi le véritable point de bascule ; qui est d’abord un signal faible, mais qui pourra devenir grand. Il s’agit du volet “Professionnel” à un salon qui se voulait comme le Show de la Tech Grand-public, et qui vire tout doucement dans un monde moins caricatural.

Un chiffre pour illustrer ce signal faible : contrairement aux autres années, en 2020, la verticale (= le domaine) majoritaire des entreprises de la French Tech présenté au CES est… les produits et service à destination de l’entreprise !

La présence et le lancement d’un nouveau produit phare pour KLAXOON est un très bonne exemple de cette tendance qui va perdurer : au consommateur qui se regarde dans le miroir répond l'entreprise aux origines du produit ou du service.

Et ce au regard des signaux suivants :

. La technologie offre de nouvelles opportunités pour améliorer le quotidien holistique de Monsieur ou Madame tout le monde, tantôt citoyen, tantôt collaborateur ;

. Les startups et les écosystèmes ont bien compris que les leviers de croissance peuvent être trouvés, et rentables surtout, dans le B2B, ce monde du “collaborateur” que l’on découvre ;

. L’explosion du Design (UX/UI, Design Thinking, Design de service, Expérience client ou utilisateur) rend possible ce questionnement du consommateur, et au delà du miroir du collaborateur ;

. En rebond, les entreprises se transforment et se posent les questions de leur avenir et les conséquences sur leurs différents services et BU ;

. Et le rebond n’est pas unique, mais multiple car comme un jeu de Flipper, les réflexions se relancent les unes aux autres, tant côté client que côté entreprise…

 

Et pour l’instant, le rebond ne fait que commencer, car on ne sait pas encore ce que sera notre société de demain, et encore moins l’entreprise de demain. Nous avons tous à s’y consacrer et à en prendre notre part dans son imaginaire, sa proposition et sa réalisation.

Ce n’est pas le CES qui nous en donne chaque année l’image détaillé, mais un simple point de vue, une focale particulière, que Olivier Ezratty nous offre également, à sa manière... et sur laquelle je viens de rebondir 😉

Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

14 janvier 2020

Management de l’innovation : notre vision du Design Thinking dans le livre blanc GAC Group

Livre blanc sur le management de l'innovation ou comment innover par le Design Thinking : avec GAC Group, nous échangeons régulièrement chez use.design (agence spécialisée dans le design thinking, l'UX et l'UI) autour de l’innovation, et cherchons la meilleur manière d’accompagner nos clients respectifs à s’engager sur cette voie de futurs inconnus.

Au cours de nos pérégrinations, nous avons tenté de faire découvrir nos méthodes (approche centrée utilisateur, Design Thinking) - et avons été favorablement accueillis par un public large d’entreprises - comme récemment à Lille pour une table ronde sur l’innovation - souhaitant prendre à bras le corps cette voie de la transformation (digitale, entre-autre).

Et au vue de leur curiosité, et de leur vif intérêt pour le Design Thinking en particulier, nous avons souhaité en faire découvrir l’essence dans un des chapitres de ce livre blanc sur le Management de l’innovation.

Nous avons pensé cette courte introduction comme une une version extrêmement condensée que n’importe quel manager dans une entreprise puisse lire rapidement, se l’approprier sans jargon, et en comprendre les rouages afin d'actionner rapidement ce qu’il en aurait retiré.

Un grand merci @Baptiste et @Sofia pour nous avoir invité à participer à ce livre blanc, et en espérant que vous en tirerez un apprentissage pour vous aider à innover.

Ce livre blanc vous est proposé par Use.Design, agence de design thinking à Paris organisant régulièrement des ateliers d'idéation.

Innover par le design thinking

A propos de ce livre blanc

Voici comment est présenté ce livre blanc sur la page du site GAC Groupe :

“Vous découvrirez dans ce Livre blanc que le management de l’innovation ne doit pas être vu que comme l’utilisation de méthodes de travail ou d’idéation.

Manager sa stratégie d’innovation consiste bien à intégrer l’ensemble des composantes de ce qu’on appelle « l’innovation » : financement, marketing, management et sécurisation…

Ce livre blanc a pour vocation de fournir les clés essentielles pour utiliser les méthodes de management les plus efficaces (brainstorming créatif, design thinking, CK, lean startup…) via des retours d'expériences de Startup, PME/ETI et Grands Groupes et en même temps, de vous permettre de créer une stratégie globale autour de vos projets d’innovation.

Innover par le design thinking vous permettra d’envisager l’innovation de manière globale et d’avoir une idée plus précise sur les principaux aspects d’un management de l’innovation efficace :

  • Ingénierie financière : stratégie de financements publics et privés des projets
  • Valorisation et protection des innovations
  • Détection d’opportunités, validation du potentiel de business et des leviers de croissance
  • Mise en place des modèles économiques et stratégie et exécution commerciale

Et pourtant, nous sommes déjà tous concernés par cette nouvelle ère…”

Extrait du livre blanc : notre chapitre sur le Design Thinking

Nous vous laissons le soin de télécharger le livre blanc ici sur la page du site GAC Group, et vous présentons ci-dessous un extrait de l’article que nous avons co-rédigé sur le Design Thinking. Bonne lecture et à très bientôt pour échanger sur ce thème :

Une des questions que l’on pose souvent, est : comment cette méthode de management peut-elle répondre à un futur qui ne cesse de se complexifier en proposant des offres adaptées ?

L’époque dans laquelle nous vivons ne cesse d’accélérer et de se complexifier. Aujourd’hui, les décideurs craignent de perdre leur avantage compétitif et/ou se faire « disrupter ». La technologie est « morte » (cf. la Hype Cycle de Gartner qui montre que toutes les nouvelles technologies sont en phase de désillusion), vive l’expérience client (Exemple : l’obsession d’Airbnb ou de Netflix pour l’expérience utilisateur, l'UX de leurs sites respectifs) !

La pérennité d’une société s’articule désormais autour de sa capacité à penser une stratégie d’innovation qui permettra à son client de vivre une expérience la plus riche et la plus épanouissante possible, le plus longtemps possible (Exemple : Apple avec le smartphone, Nespresso avec les capsules de café...).

Innover par le Design Thinking permet d’éclairer les entreprises sur les bonnes décisions à prendre en fonction des signaux faibles et forts identifiés sur le terrain par une approche empathique (complémentaire aux approches data).

Définition du Design Thinking

Le Design Thinking est une méthode de management de l’innovation qui modifie totalement la façon d’innover et de travailler car elle met au centre de sa conception l’humain (qu’il soit un client, un utilisateur, un collaborateur, etc.).

Le Design Thinker travaille par explorations structurées successives pour révéler des « insights » : des apprentissages ou des leçons apprises sur le terrain au contact des principaux intéressés. D’un point de vue marketing, on les appelle souvent des « consumer insight » (perception du consommateur d’un problème).

La plupart du temps, les organisations (notamment via les services de R&D) travaillent d’abord sur les aspects de faisabilité technique, puis de viabilité financière. Or, dans cette approche dédiée à l’innovation, on s’intéresse d’abord à l’aspect « désirabilité ».

C’est bien là toute la différence : s’intéresser avant toute chose aux raisons pour lesquelles nos produits/solutions vont être désirés :

  • quels sont les problèmes réels auxquels nous répondons ?
  • quels sont les usages attendus ?
  • comment faire en sorte que notre idée y réponde de la manière la plus désirable possible ?

C’est à l’intersection de ces trois dimensions que se trouvent les innovations. 

Dans quelle situation peut-on innover par le design thinking ? - Comment cela fonctionne ? - Exemple - Les points forts, à retrouver sur le livre blanc sur la page du site GAC Groupe.

Pour plus d'articles sur des sujets liés à l'UX design ou l'UI design, consultez notre blog.


Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design thinking  & UX/UI Design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

17 décembre 2019

L’ère des drones a (officiellement) commencé – partie 2

Dans la première partie de l’article “L’ère des drones a (officiellement) commencé”, j’évoquais l’article dans The Economist paru en 2015 qui nous souhaitait la bienvenue dans la nouvelle ère des drones, et rebondissait sur cette apparition de nouveaux OVNI en prenant comme premier exemple leur impact sur notre quotidien et la question de l’identification pour le grand public de leurs fonctions et intentions.

Je concluais en faisant appel aux industriels fabricant des drones afin qu’ils aident le grand public dans ce travail de reconnaissance et d’identification. Mais côté industriels, il existe de nombreux acteurs.

UTM, ou la naissance d’une nouvelle régulation aérienne

En début d’année 2019, les autorités américaines (FAA et Congrès) donnent le coup d’envoi à des autorisations franches et massives (ouverture et régulation du marché au niveau national) de l’utilisation des drones.

Et cela me remémore une conversation avec un de nos partenaires chez THALES - avec qui nous travaillons depuis de nombreuses années sur de nombreux sujets d’innovation dans le domaine aéronautique) - il me faisait remarquer alors « ce qui est extraordinaire avec les drones et l’UTM (Unmaned Traffic Management = gestion du trafic aérien des drones), c’est que nous en sommes au tout début de l’histoire, tout est à inventer, comme au début de l’aviation où il a fallu imaginer et développer les règles du trafic aérien alors naissant ».

Cet acte lancé par les Etats-Unis en 2018, serait-il un Bis Repetita des conventions de Paris (1919) et Chicago (1944), où tous les pays concernés par la révolution naissante de l'aéronautique se réunissaient pour définir ensemble une régulation du transport aérien international.

L’ICAO fête d’ailleurs ses 75 ans cette année et propose sur son site une page dédiée qui présente son histoire, et les opportunités futures.

Aujourd’hui pour les drones, il semble que les pays créent leur propre régulation (USE avec FAA donc, ou Grande-Bretagne avec la TSC). L’europe vient d’annoncer un début de réglementation. Mais qu’en est-il en Afrique ou en Asie ? Bref, sur toute la planète ? A ma connaissance, pas de convention internationale à venir, d’un niveau équivalent à celle du monde aérien il y a 100 ans.

Et pourtant, les professionnels du trafic aérien dont déjà concernés par cette nouvelle ère...

UTM, ou la nécessité d’une taxonomie de cette nouvelle espèce

En effet, dans l’actualité de ces derniers mois, nous avons eu connaissance des survols de drone « inconnus » au dessus des aéroports Londoniens ou à Singapour. Ce n’est qu’un exemple de l’impact de cette nouvelle ère des drones dans notre environnement non encore adapté, où la cohabitation dans l’espace aérien reste imparfait.

Après ces incidents, les parties prenantes ont pris le sujet à bras le corps pour imaginer et tester de nouvelles solutions. Par exemple ici pour l’aéroport de Londres.

Reste qu’un chemin gigantesque s’ouvre à toutes ces autorités. Car peut-on imaginer cette future régulation, limpide et sécurisante, alors que la liste des applications d’utilisation des drones ne cesse de grandir ? Voici pour preuve une étude, datant de près d’un an, qui tentait d’en dresser une taxonomie possible - hors utilisation de loisirs :

  • Génie civil
    • travaux publics ;
    • contrôle et inspection d’ouvrages d’art, de sites industriels, de bâtiments, de ponts, de barrages ;
    • cartographie et le calcul de volumes (cubature) ;
  • Infrastructures et réseaux
    • contrôle et inspection de réseaux de transport et d’énergie (voies ferrées, réseau électrique, pipelines, oléoducs, gazoducs) ;
    • gestion industrielle des sites d’exploitation de l’industrie minière et pétrolière (hors réseaux d’acheminement) ;
  • Agriculture
    • agriculture de précision, surveillance des cultures, des parcs nationaux ;
    • Épandage ;
  • Études scientifiques
    • surveillance des ressources naturelles, étude de l’atmosphère, étude des sols et des océans, études et prévisions météorologiques ;
  • Information et média 
    • prises de vue pour cinéma, photographie, publicité, loisirs, communications ;
  • Télécommunication
    • antenne relais mobile ;
    • Inspection ;
  • Sécurité civile
    • sécurité des milieux naturels : incendies de forêts, recherche et sauvetage (avalanche, catastrophe naturelle), évaluation des dégâts en cas de catastrophe naturelle, sécurité des frontières/sécurité intérieure : contrôle aux frontières, surveillance maritime ;
    • surveillance du trafic routier, des transports et de sites industriels ;
    • sécurité urbaine : maintien de l’ordre et sécurité publique ;
  • Logistique
    • livraison et transport de fret ;
    • inventaire et autres en interne.

Et au passage, rajouter toutes les utilisations néfastes possibles

Si l’on devine dans ce “bestiaire” l’infinie de possibilité et d’impacts pour le grand public, utilisateur final des services apportés par ces drones, il est également important de considérer l’impact pour les professionnels de ce nouveau mode de transport.

UTM, ou surveiller pour protéger

On pourrait en effet prendre la liste des applications d’usage de drones pour en parrallèle lister la multitude de personnes, rôles, et métiers qui peuvent intervenir. Mais le vertige survient si on s’imagine que si “85% des métiers de 2030 n'existent pas encore”, alors combien pourrait-on en imaginer dans le futur pour ces drones ?

Cet exercice pourrait faire l’objet d’un article à part entière, mais prenons pour le présent article un métier que nous connaissons bien chez use.design pour avoir traité le sujet à de nombreuses reprises dans le domaine aéronautique (civil et défense) : celui des contrôleurs et régulateurs aériens (contrôle en route, d’approche et d’aérodrome). 

En effet, s’il sait parfaitement gérer des objets volants identifiés (tous types d’avions), il n’a pas encore la connaissance, les processus, et les outils pour appréhender nos OVNeI (tous types de drones). Les incidents dans les aéroports, bien que rares, cités plus haut en sont un bon exemple ; même si certains considèrent que ce ne serait bien moins grave qu’une collision avec un oiseau ! D’ailleurs dans sa page sur la sécurités des aérodromes, la DGAC présente de nombreuses informations sur le risque animalier, mais peu sur le risque de collision avec les drones.

Or c’est bien un des enjeu des gestionnaires de trafic aérien demain. Sera-t-il aidé et accompagné par son système informatique pour distinguer cette multitude de nouveaux dispositifs volants, et pour lesquels il devra adapter son analyse, son processus et ses actions ?

Aujourd’hui un contrôleur “en route”, gère en binôme une petite trentaine d’avions par heure, et chaque vol répond à des règles précises : pour (beaucoup) simplifier, par exemple, aujourd’hui un avion vole dans un couloir qui est défini géographiquement et selon un comportement (plan de vol) réglé et déposé aux autorités. Et c’est disons presque 99% de l’activité de suivi d’un contrôleur aérien.

Mais demain ? Quand ce chiffre sera multiplié par 2, 3, voir 10 avec tous les drones à gérer ?

Et que pour chacune de nos utilisations listée plus haut (drones de loisir, de logistique, de travaux, d’intervention, de surveillance, de police...), les règles seront différentes ?

Quand il ne s’agira plus seulement de gérer des plans de vol, mais des comportements « imprévisibles » volontaires (je pilote mon drone d’un point à un autre sans me soucier de régulation) et surtout involontaires (mon drone est en panne et tombe sur une zone habitée, ou il perd sa cargaison…), qui sera en charge d’assurer notre surveillance et notre protection ?

UTM, ou le futur à imaginer

En conclusion, vous imaginez bien que mon propos est tout autant de vous présenter une situation qui semble pleine de risques et d'inconnu d’une part, mais surtout d’autre part d’une belle promesse d’un avenir où “tout est à imaginer, à concevoir… comme au début de l’aviation, il y a 100 ans”... 

Les autorités de régulation travaillent à imaginer cet avenir, les industriels également, et en particulier les acteurs du logiciel de gestion de drone comme THALES, AIRXOS, AIRMAP , TERRADRONE, ASD, ou bien d’autres encore existant ou à venir. 

Et certaines autorité commencent à s’équiper, par exemple la Principauté de Monaco avec un système de surveillance dédié aux drones (UTM) fourni par ASD

Et comme tous ces sujets d’avenir, où l’imaginaire et la créativité doivent aussi prendre place, j’ose imaginer que les designers pourront co-participer à sa vision et en projeter les bonnes solutions pour tout ce panel d’utilisateurs, de clients, auxquels ils devront également imaginer les services de demain.


Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

26 novembre 2019

3 retours d’expérience de Design System réussis dans le domaine B2B

Si l’on parle facilement de la nécessité et de l’intérêt de mettre en place un Design System pour toute plateforme digitale grand public, nous savons chez use.design, agence UX UI à Paris, pour en avoir réalisé plusieurs dizaines pour des entreprises du secteur B2B en France, que le design système s’avère également précieux dans le domaine de l'application mobile professionnelle.

En plus de la définition du design system, voici 3 exemples de chantier UX UI, 3 petites histoires, qui au travers de leurs contextes et enjeux spécifiques, vous aideront à comprendre pourquoi il vous sera utile de développer et mettre en oeuvre un tel chantier avec vos équipes produit, design et développement.

Le premier retour d'expérience de cet outil d'UX/UI design se focalise sur l’angle du besoin utilisateur, le second sur l’angle des équipes produit/développement, et le troisième sur le contexte des méthodologies Agile.

Ce retour d'expérience vous est proposé par Use Design, une agence UX/UI spécialisée dans le design de logiciel et application mobile/web.

Définition

Le "Design System" est le processus de définition de l'architecture, des fonctionnalités, des interfaces et des données d'un système destinées à satisfaire des besoins précis dans les domaines de l'expérience utilisateur (UX) et de l'interface utilisateur (UI).

On peut le définir comme une "bibliothèque" d'éléments graphiques et de programmation, un kit ou une boîte à outils à disposition du designer et du développeur pour leur faciliter le design et le développement d'un site web, d'une application mobile ou d'un logiciel SAAS.

TECHNIDATA, ou comment un Design System peut porter la diversité des expériences utilisateurs

Avant que le terme Design System n’apparaisse ces dernières années dans les domaines de l'UX et de l'UI en France, on parlait pour une interface utilisateur plus facilement de “Graphical or Design Guideline”. C’est donc en ces termes que notre équipe de designers UX/UI a imaginé pour TECHNIDATA de développer une grammaire d’interface commune, tant du point de vue graphique qu’ergonomique, pour un ensemble d’applications de santé.

Un Système de Design adaptable à de multiples supports d’interaction

Le point de départ du design système est un simple constat, celui du besoin utilisateur :
Dans ce domaine de la santé, et plus particulièrement le contexte de l'hôpital, on sait en effet le peu de temps que les personnels de santé peuvent prendre pour se former aux nouveaux outils digitaux.

Leur besoin est donc de disposer d’une application web ou mobile dont les interfaces leurs soient suffisamment intuitives, simples à appréhender, et surtout proposant une courbe d’apprentissage la plus rapide possible. Et idéalement que ces mécanismes de découverte, d’apprentissage et d’utilisation, soient consistants d’une application à l’autre.

On réduit ainsi pour l’utilisateur la frustration d’avoir à ré-apprendre, et on gagne en confiance et en autonomie.

Au delà de l’univers graphique à imaginer et décliner, au delà des grands principes de navigation et d’interactions, les experts en UX UI Design ont donc posé leurs objectifs au travers de la reformulation suivante :

Comment pourrait-on proposer des principes d’UI “universels” ? communs et reproductibles d’une application à une autre ?

Universels, au sens plus modeste dans le cas de TECHNIDATA, de la richesse de ces solutions applicatives (scope fonctionnel, contexte d’utilisation, supports et modes d’interactions, cible marché et profils utilisateurs).

Exemple de Design Guidelines qui cartographie les principes graphiques et ergonomiques

Le résultat s’est donc concrétisé par la création et la déclinaison d’un Design System sur 4 applications qui chacune développe une variante :

  • d’une architecture visuelle illustrant les niveaux de navigation = pour ainsi rendre intuitif (après le premier apprentissage) les modes de navigation et d’interactions quelle que soit l’application,
  • d’une gamme de couleurs pour les blocs et composants = pour ainsi structurer les écrans et favoriser la compréhension des messages,
  • d’un univers iconographique approprié au contexte métier et le plus figuratif possible = pour ainsi renforcer la connivence avec le domaine et les fonctions métier.

Restait donc aux équipes TECHNIDATA à implémenter ce Design System à l’occasion d’un chantier de refonte UX UI ou plus modestement d’un “relooking”. Cependant, pour chacun de ces chantiers, la tâche n’avait rien de triviale. Car non seulement, les nouveaux principes ergonomiques nécessitaient de profonds changements du code, mais comme chaque logiciel disposait de son Framework/Language de développement, il fallait reconsidérer pour chaque implémentation les manières d’intégrer ces nouvelles spécifications ergonomiques et graphiques.

Cela représentait donc des chantiers coûteux en temps et en ressources. Je parle au passé car ce projet date d’il y a près de 10 ans, et depuis les choses ont bien changé, et nous le verrons dans le prochain exemple, si la technologie est unifiée, comme le permet par exemple Angular, le travail en est grandement facilité.

SUEZ Aquadvanced, ou comment faire naître et rendre vivant un Système de Design pour une équipe produit/développement

L’eau est une ressource précieuse, et sa gestion une expertise du quotidien, tant en amont pour la production d’eau potable, qu’en aval quand il s’agit de la retraiter. C’est sur ce secteur que SUEZ propose une gamme complète de solutions métiers destinées aux acteurs de la gestion d’eau et en particulier des collectivités locales.
Regroupées sous la marque Aquadvanced, ces applications venues d’horizons différents (sous domaine métier, pays et industriel, technologies, chaîne de valeur client) concourent toutes à aider le gestionnaire à maîtriser la ressource et à en sécuriser la distribution.

Une salles de supervision d’un réseau de gestion d’eau potable

Hors aujourd'hui ce gestionnaire veut avoir la maîtrise de la chaîne entière, pour mieux analyser le cycle de l’eau et ainsi mieux informer et servir ses usagers. Les équipes produit SUEZ ont décidé de construire sur cet insight pour développer une nouvelle ligne produit où l’ensemble des applications seraient unifiées dans leur UX (et leur technologie), pour offrir ainsi aux exploitants un outil moderne, performant et unifié.

Et pour cela, il fallait bâtir un Design System résolument orienté métier, et donc solide, mais tout à la fois “élastique” afin de porter les évolutions futures.
Car pour un acteur comme SUEZ, rien n’est jamais figé. La suite Aquadvanced se construit brique par brique, dans un temps qui doit tenir compte des évolutions sans cesse renouvelées des besoins clients.

Le Système de Design en cours d'élaboration et mise à disposition sur la plateforme UX caravel.design

La copie d'écran ci-dessus est une démonstration de l'utilisation de notre outil de gestion de projet UX caravel.design, afin de faciliter la mise en place et le suivi d'un projet de Design System.

Au delà du besoin utilisateur donc, que l’on a pu analyser dans le précédent retour d’expérience avec TECHNIDATA, ici l’enjeu fort est également en interne. En effet, comment garantir aux équipes produit et développement :

  • les bases d’une bonne compréhension de l’expérience utilisateur (UX) (profils, besoins, motivations attentes) ?
  • une bonne compréhension de l’état de l’art existant (historique métier et technologique, besoins spécifiques) ?
  • une force de proposition pertinente pour les architectures d’interface, et la diversité des composants à imaginer ?
  • la création d’une identité d’interface à la hauteur de la qualité de la marque SUEZ ?
  • une intégration des parties prenantes de manière à engager un état d’esprit “Design System” côté produit et côté développement ?
  • un suivi dans la durée par une “core team” à même d’assurer les évolutions design et techniques nécessaires ?

Ce sont certains des défis que notre équipe de designer UX s’est posée, et à réussi avec une équipe chez SUEZ motivée et engagé dans cette nouvelle vision.

Le projet de design système finalisé avec des exemples de déploiement sur divers applications

Une des réussites du projet est également passée par... une personne, un lien privilégié. Non pas un UX UI designer, mais un profil hybride chez SUEZ, développeur Front d’origine, il a su prendre en main le sujet, pour en assurer son expertise première : l’intégration du Design System dans Angular.
Mais aussi, il en fait un outil technique vivant, qu’il peut faire évoluer au fil des besoins des équipes produit (PO, Marketing).
Et surtout, au delà des outils, il assume pleinement son rôle d’animateur, qui rend le projet vivant auprès de tous.
Est-ce les prémisses d’un nouveau rôle dans les entreprises ? Le Design System Manager ?
C’est effectivement le questionnement actuel des équipes Design chez BlaBlaCar présenté lors de la conférence UXdays en juin dernier.

Un an à peine après les premiers entretiens terrain avec des exploitants, les équipes SUEZ déployaient la première déclinaison du projet sur quelques applications et pouvaient ainsi en découvrir tous les bénéfices, tant par les retours positifs des clients, que ceux de toutes les parties prenantes en interne.

THALES TopWings, ou comment développer un projet complexe au travers d’une méthodologie Agile

Mettre en place et animer un Design System est un défi majeur pour nos équipes UX & UI, et nécessite un temps important, en particulier pour une expérience digitale riche et complexe. C’est un défi pour toutes les équipes de poser les bases tant UX que UI de ce que sera la future expérience client / utilisateurs digitale, puis de co-créer, de réaliser, d’implémenter, et de faire vivre. Et on voit déjà dans cette phrase, que les différentes étapes nécessaires, peuvent être fortement engageantes pour les équipes, dont les designers.

Le parcours utilisateur comme point de départ du scope de Design System à réaliser

Alors imaginez…

Que nous ne soyons pas sur ce “classique” cycle en V, mais sur une méthodologie Agile (type Scrum), ou comme il se doit - et là où est toute sa puissance - tout bouge suivant les Sprints, les itérations de conception, de développement et d’évaluation…

ET où vous n’avez pas 1 équipe, mais 5 à 9 en fonction des périodes, car le périmètre fonctionnel et les enjeux produits sont gigantesques…

ET que vous démarrez de ZERO, car il n’y a pas d’existant, ni fonctionnel, ni UX, ni UI ou de Direction Artistique…

Voilà un défi comme on les aime chez use.design !!!

ET ce défi, pour le résumer en un phrase, c’est bien une gageure : Comment peut-on concilier les principes du Système de Design (pérennisation, structuration, règles, normes, principes, gammes) alors que l’Agile, n’est que le juste contraire ? C’est à dire un château de sable - mouvant - que vous devez reconstruire à chaque ressac de la marée…

Les interactions sur les écrans types du Design System en cours de définition

Pour ce projet avec THALES, qui traite d’une super application d’EFB (Electronic Flight Bag), le dossier de vol digital du futur du pilote d’avion de ligne), nous avons pris le parti chez use.design de poser certaines bases solides afin d’éviter ces “sables mouvants” :

  • plusieurs équipes pour traiter toute la richesse fonctionnelle = 2 à 3 équipes chez nous sur 6 à 8 mois, constituées de 2 UX Designer super Sénior ;
  • un super héro de la UI = super senior + super expert des IHMs métier et aéronautique + adepte des fondamentaux du Design System,
  • s’appuyer sur des PO forts (sénior, et hyper expert du domaine métier) afin d’assurer la préparation / suivi des Sprint, rédaction des User Story avec les représentants des utilisateurs, et contact en temps réel avec les équipes de développement ;
  • assurer un lien virtuel (car équipes à divers endroits en France) au moyen d’une plateforme de suivi projet (JIRA + CONFLUENCE), et d’outils de maquettage et prototypage (Sketch + InVision + Prototypes iOS sur mesure) ;
  • Se rencontrer régulièrement en présentiel pour garder le lien, désamorcer les points de fiction projet, co-créer...

Le défi d’un projet décliné sur divers dispositifs interactifs

La clé du succès me demanderez-vous ?

Elle n’est pas unique selon nous, mais dépend bien évidemment de ces solides bases posées plus haut. Et surtout elle réside dans une question d’équilibre.
Un parfait équilibre à trouver entre rigueur et flexibilité. Cet équilibre est dur à trouver car, comme je le disais, Design System et Agilité, ne sont pas nées pour faire bon ménage.

Mais comme rien n’est inné à la naissance, il vous faudra engager vos équipes (UX UI designers, PO, développeurs), à acquérir cette flexibilité au fil des Sprints.

Par exemple, que chacun puisse personnellement se remettre en question, au sens, faire preuve d'élasticité dans ses propos : passer de “non, ce composant est défini comme cela dans le projet, c’est une règle...”, à “oui, pourquoi pas le faire évoluer de cette manière, je vais essayer…”. Se tenir prêt à dialoguer, en mode “et si…”, plutôt que “fais pas ci, fais pas ça…”

Et cela doit passer par un (très) bonne dose de confiance mutuelle. Si l’on considère ce triptyque (designers, PO, développeurs), alors les 3 doivent être mis au même pied d’égalité, par les managers et décideurs. Il ne doit pas y avoir de petit rôle, d’expertise de second ordre.

*A propos du Système de Design :

Pour ceux qui voudraient découvrir le Système de Design, de (très très très) nombreuses publications sont disponibles. En voici quelques-unes - sélection personnelle parfaitement subjective - pour débuter cette découverte :

Et bien sûr le blog de use.design sur lequel nous publions régulièrement des articles sur le sujet du Design Système… et bien d’autres !

L’agence Use.Design, spécialisée dans le Design System et l’UX UI

Notre agence de design, fondée en 2002 et basée à Paris, est spécialisée dans l’UX UI ainsi que le Design System et accompagne les créateurs de plateformes digitales au travers d’une offre de de services complète afin d’optimiser l’expérience utilisateur et l’interface utilisateur d’une application mobile ou web, d’un logiciel SaaS ou encore d’un site internet :

  • UX design 
  • UI design
  • UX UI design
  • Système de design
  • Design Thinking
  • Design Sprint
  • Recherche et Test d’utilisateurs
  • etc

Pour découvrir notre offre de services plus en détail, c’est ici.


Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design UX/UI et de design système à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants en France et à l'international.

12 novembre 2019

Quand le cinéma témoigne des pratiques design

Design Fiction : quid du parcours utilisateur et de l'UX dans les films ainsi que de l'impact du cinéma sur l'expérience spectateur/utilisateur ? Dans le domaine de l’innovation, on sait à quel point la science fiction (en littérature et au cinéma) a pu et peut encore fortement inspirer les créateurs et fondateurs de startups. Le Design Fiction est même en passe de devenir une pratique privilégiée quand on souhaite se projeter sur une vision, un imaginaire lointain. La série Black Mirror en est une bonne concrétisation quant à sa capacité à rendre tangibles ces bien tristes scénarios de nos probables futurs. A l’opposé de cette vision lugubre, je vous invite à découvrir, et participer, aux ateliers de Bright Mirror imaginés par l’agence Bluenove, afin de prendre le contre-pied et de co-imaginer un futur lumineux.

Cet article sur l'UX dans les films et les pratiques design dans le cinéma, les séries et le docu-fiction vous est proposé par l'agence Use.Design spécialisée dans l'UX/UI Design et l'optimisation du parcours utilisateur d'une application mobile/web ou d'un logiciel SaaS.

Le design dans la fiction

Avant de concevoir du design fiction en découvrant notre futur, empli de désespoir ou d’idéal, des films, séries, ou docu-fiction, les réalisateurs de cinéma ou de séries ne pourraient-ils pas, en nous offrant un regard, une mémoire sur le passé, nous proposer des témoignages sur les bonnes ou mauvaises pratiques de la création et des méthodologies du design au cinéma et à la télévision ?

Et bien, oui 🙂 nous vous en avons déniché quelques uns.es, qui ont pour chacun.e l’intérêt de nous dévoiler un volet, un point de vue particulier...

Film - Le Fondateur, ou le prototypage rapide

Ce film, parfait exemple du design fiction, raconte une partie de l’histoire de la marque Mc Donald. elle se concentre sur la relation entre les 2 créateurs, les frères Richard « Dick » et Maurice « Mac » McDonald, et le fondateur, Raymond « Ray » Kroc, qui va en faire le modèle de succès de business que l’on connaît.
Parfait exemple de l'UX dans les films, une des découvertes de cette oeuvre de fiction inspirée d'une histoire réelle est le travail de prototypage des 2 frères, tel un prototype UX design dansle cinéma, pour imaginer le fonctionnement parfait de leur restaurant de Burgers. En effet, au lieu de faire un plan et d’imaginer un process, ils vont louer un terrain de Tennis, pour y simuler à l’échelle 1, l’organisation des différentes activités, et le fonctionnement complet de la cuisine.
C’est donc la preuve d’une conception centrée utilisateur, itérative et co-créative !

Série - Mind Hunter, ou la définition de Personas

Si le thème des tueurs en série ne vous fait par peur, voir au contraire vous intéresse (sic), voici une excellente série, tirée de 2 livres des principaux protagonistes, qui va vous plonger dans la genèse de la compréhension des Serial Killers par le FBI à la fin des années 70 et début des années 80.
Chose étonnante dans la série, plusieurs scènes peuvent être reliées aux pratique du design centré humain/utilisateur, et de l’idée même de la démarche : si vous voulez arrêter ce type de meurtriers, il faut :
- aller sur le terrain, comprendre le passé pour mieux comprendre le futur ;
- multiplier les interviews avec les différents détenus, afin de trouver les traits communs ;
- prendre des chemins détournés, et faire des écarts, car chaque rencontre est différentes et peut mener à l’idée ou la compréhension soudaine de nouveaux concepts clefs ;
- et enfin, faire le tri des informations, sous forme de cartes, afin de classifier les différents profils de meurtriers en série. Ou en d’autres termes, définir des Personas !

On vous laisse juge du critère principal de cette méthode de design centré humain/utilisateur : faire preuve d’empathie 😉

Le design dans le docu-fiction : Gutenberg, l'aventure de l'imprimerie, ou la première startup de l’histoire ?

Si on parle souvent de l'UX dans les films ou les séries, n'oublions pas les documentaires qui ne sont pas en manque d'exemples de design fiction réussis. Dans ce documentaire, de très belle facture et riche d’enseignements sur l’histoire de l’invention de l’imprimerie, on prend le prétexte de la découverte de la vie (mouvementée et mystérieuse) de Gutenberg, pour plonger dans l’aventure… d’une start-up !
En effet, tout est réuni : l’idée, les financeurs, le marché, les innovations technologiques (très nombreuses), et bien sûr la dimension design avec les prototypes, le temps interminable de tests et d’itérations, l’invention typographique...
Selon moi, la leçon à retenir de de docu-fiction de très bonne facture, est que la start-up de Gutenberg est un parfait échec commercial ! En effet, même si son invention va révolutionner le monde, en son temps, elle ne lui aura rien rapporté.

Série - Silicon Valley, ou les tests utilisateurs

Vous avez toujours voulu découvrir la face cachée d’une startup de la Silicon Valley ? Et bien cette série est faite pour vous 😉 Vous y trouverez de nombreux exemples, à suivre ou plutôt à ne pas suivre, d’une parfaite démarche produit/design.
Et dans ce genre “mauvaise pratique”, je vous suggère cet extrait d’une évaluation de groupe, où le fondateur tente désespérément de convaincre son panel de la qualité de son interface.
Merci à Hugues Randriatsoa pour le partage.

L'UX dans les films : Sully, ou le facteur humain pour le meilleur - (spoiler)

⚠️ Attention, même si c'est un sujet qui est passé dans l'actualité, si tu n'as pas vu le film, ne lis pas ce qui suit ⚠️

Rares sont les films qui racontent la réussite d’un sauvetage de crash aérien avec le point de vue de l’équipage. Hors c’est le cas ici, dans cette folle histoire du vol 1549 US Airways qui a atterri dans (ou plutôt sur) l’Hudson à New-York City en janvier 2009.
Dans ce film de 2016, Clint Eastwood, via l’excellent acteur Tom Hanks, nous présente l'enquête dans le détail, et les doutes du Pilote et de son copilote, qui semblent les mener à leur mise en accusation…
Avant le rebondissement final, dans lequel Tom Hanks qui campe le pilote héros Chesley « Sully » Sullenberger, parvient à démontrer à tous ses accusateurs qu’ils avaient juste oublié de tenir compte d’un facteur dans leur simulation de crash - qui selon eux était évitable - : le facteur humain !

L'UX dans les films : Tchernobyl, ou le facteur humain pour le pire - (garanti sans spoiler)

Récemment la chaine de télévision M6 a rediffusé l'excellente mini-série sur la catastrophe de Tchernobyl, catastrophe nucléaire qui est survenue en Ukraine le 26 avril 1986.
Contrairement à l'exemple précédent dans le film Sully, ici bien c'est le facteur humain qui a causé la catastrophe. Je ne parlerai pas du volet politique, mais d'un aspect qui est présenté dans les premiers épisodes : le manque, quasi l'absence, de confiance de l'utilisateur envers le système et les informations qu'il présente…

Le responsable de la salle - contrairement à ses collègues - refuse la réalité. Il ne peut imaginer ce qui est en train de se produire. "Ce type de réacteur RBMK ne peut exploser, ce n'est pas possible !". Le responsable refuse toutes les informations que lui présente la technique (les consoles), l'humain (ses collègues), et ses propres sens (l'ouïe, le mouvement...). Tout son corps est convaincu de l'impossible, et rien ne pourra le construire, jusqu'à la catastrophe. La question que je me pose, c'est si les concepteurs avaient envisagé ce comportement ? Doit-on justement en tant que concepteurs d'IHM/interfaces, se donner comme critère la confiance de l'utilisateur aux informations qu'on lui présente ?

A l'heure de la révolution annoncée des Intelligences Artificielles d'un côté, des fake-news ou des dark-pattern de l'autre, je pense que ce sera une question à se poser demain comme concepteur, voir LA question principale...


Cet article sur le parcours utilisateur et l'UX dans les films via le Design Fiction dans le cinéma a été rédigé par Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

7 novembre 2019

Un barcamp pour la semaine de l’innovation publique

Depuis le temps qu’on en rêvait, ça y’est c’est du concret !

À l’occasion de la semaine de l’innovation publique, use.design organise un Barcamp le 29 novembre prochain après-midi pour co-imaginer une solution publique innovante de mécénat d’actions sociales et environnementales.

Mais comment en est-on arrivé là ? 

Nous avons découvert l’initiative du portail de la transformation de l’action publique, qui chaque année se propose de lancer des initiatives durant 1 semaine, pour faire se rencontrer les acteurs publics, les citoyens, et tous les porteurs d’idées pouvant ensemble faire avancer l’action publique et co-créer notre monde de demain.

Cette initiative nous a paru formidable, car profondément utile et porteuse de toutes nos valeurs alliant créativité, utilité, et sens public. Mais modestement, en tant qu’agence de design, comment pouvions-nous contribuer ? sous quelle forme et avec qui ?

Nous avons d’abord choisi le format 

Un barcamp ou atelier de co-création, car en tant que Designer, c’est une méthode que nous pratiquons quasi quotidiennement, et l’on sait à quel point elle peut être efficace pour imaginer et co-créer à partir d’une idée, et/ou faire découvrir l’approche design et la confiance créative.

Puis nous avons cherché un thème, en analysant nos envies, nos expériences passées, nos rencontres, et une idée à germée...

Et si ce Barcamp pouvait être l’occasion de réunir des gens d’horizons différents ?
Et si ces gens avaient chacun la graine de quelques chose de nouveau et d’utile pour l’action publique ?
Et si on les aidait à faire naître une idée, une offre nouvelle ?

Alors Hugo Venturini, co-fondateur et CEO d’Arezzo, est revenu à mon esprit 

Nous échangeons souvent avec Hugo sur de nombreux sujets, et nous l’avons accompagné à envisager la dimension Design pour la mise en oeuvre de sa plateforme Arezzo. Son idée de mécénat participatif a bien évidemment raisonné en moi pour sa cible première, de mécénat culturel… mais très vite, je me suis dit : 

  • et si cela pouvait aussi se développer pour un mécénat public ? à dimension sociale et écologique ?
  • et si cela pouvait tous nous aider, à faire des petits pas pour que tous, à des niveaux modestes, puissions devenir les mécènes de notre environnement de demain ?

Mais cet idéal est resté dans un coin de mon esprit…

Jusqu’à ce que Sonia Ben Ali, co-fondatrice de l’ONG internationale Urban Refugees , me recontacte récemment 

Nous avons rencontrés Sonia l’an dernier. Elle avait été invitée par un de nos collaborateur à l’occasion d’un lunch & learn (activité pratiquée 2 fois par mois chez use design, consistant à déjeuner puis développer auprès de l’équipe un sujet qui nous intéresse).

Sonia nous a raconté l’histoire d’Urban Refugees mais aussi et surtout ses actions à travers le monde, ces personnes que l’association a aidé. Nous avons été très enthousiastes à l’idée de pouvoir participer à ce projet, mais comment ?

Cette fois, lorsqu’elle me recontacte, elle me parle de “lancer notre campagne de recrutement de tout petits donateurs”... Alors ça fait tilt, et je vois enfin la formule magique prendre forme dans mon esprit : 

Semaine de l’innovation publique = use.design + Arezzo + Urban Refugees

 

 

Voilà le décor est posé, vous savez tout 🙂

Reste pour vous à découvrir le détail de notre atelier/barcamp sur la page 👉 Eventbrite

Si vous êtes enthousiaste à l’idée de contribuer à ce beau projet, prenez vite vos places, elles sont limitées !

Vous y retrouverez toutes les informations concernant le déroulement de l’atelier et pour terminer la journée sous les meilleurs auspices, nous continuerons nos discussions autour d’un apéritif 🍾

À très bientôt 😉

Ps : le nombre de place est limité, car notre agence est belle, mais pas si grande, et nous voulons bien préparer et organiser l’atelier.


Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

1 octobre 2019

Et si un simple graphique pouvait changer la face du monde ?

Dans cet article, je voudrais débuter en remerciant Greta Thunberg, Ed Hawkins, John Snow (non pas celui que vous pensez tous, fan de GOT), et nos amis francophones qui sont descendus en masse ce week-end pour des marches gigantesques pour le climat ! (les 500 000 Québécois à Montréal, ou les 60-100 000 Suisses à Berne, contre 20 000 à Paris, on a encore du boulot…).

Après le discours enflammé et rageur de Greta Thunberg à l’ONU - je fais partie de ceux qui ont la conviction naïve de croire qu’une personne peut avoir le pouvoir de changer le cours de l’histoire (en bien), fusse-t-elle un enfant -, une autre nouvelle à propos du réchauffement climatique vient en effet chambouler notre quotidien.

Et cette nouvelle est un graphique, un graphique qui aurait enfin la simplicité et la force d’une prise de conscience irréversible et universelle. Rien que ça !

C’est en tout cas ce qu’entrevoit Adele Peters dans son article de Fast Company qui relaie le travail original d’Ed Hawkins et qui démontre l’immense efficacité et popularité du graphique.

Ce graphique, vous pouvez le trouver un peu partout, et en particulier dans l’Atlas de l’Anthropocene (photo de l’en-tête de cet article), et vous pouvez faire le vôtre sur ce site

Il présente l'évolution des températures du globe à un endroit donné, depuis que les scientifiques enregistrent cette information (environ 1850). On voit donc des lignes verticales - clin d'oeil à notre designer anglais préféré ? - bleu et rouges. Le bleu ce sont des températures froides, le rouge les chaudes. Le message est clair = le réchauffement est évident et c'est une tendance partagée à tous les endroits de la terre.

Démarrer une conversation

Ed Hawkins est à l’origine de ce site, des données, et donc du graphique originel. En parfait scientifique il sait que le changement climatique est un sujet complexe, pendant longtemps difficile à appréhender, mais que maintenant les effets sont là, considérables et terribles. Son ambition était donc de trouver une représentation simple à comprendre, pour aider à la prise de conscience, pour aider “à démarrer une conversation”.

Quoi de mieux comme ambition pour un créateur que son travail crée le dialogue ! Je trouve cette approche tout simplement géniale.

Génial, car il aborde un sujet très clivant avec bienveillance, simplement en montrant un visuel. Un visuel qui deviendra peut-être l'icône d’un changement de mentalité et d’action indispensable pour notre futur. L’icône d’une génération qui prend véritablement conscience et qui décide de passer à l’action. Un peu comme les enfants de ce couple de bourgeois de gauche dans le film La Crise 😉

Avant le réchauffement climatique, le Choléra

Mais revenons à notre graphique et à son - on l’espère - double rôle d’initiateur de dialogue et de cristalliseur de conscience. Ce n’est en effet pas la première fois qu’un visuel permet une prise de conscience majeure.

J’ai souvenir d’en avoir découvert un en 2005 à l’occasion de l’exposition “You Are Here : The Design of Information” au Design Museum à Londres. Cette carte était l’oeuvre d’un certain John Snow, scientifique anglais du XIXè siècle. Au milieu de ce siècle, la ville de Londres était ravagée par de nombreuses épidémies de Choléra, et la science à l’époque ne trouvait rien à y faire car tous pensaient que les miasmes en étaient la cause. Fort heureusement, Pasteur et tant d’autres viendront bientôt démontrer le contraire.

Mais le premier à faire cette démonstration - que le Choléra n’était pas dû aux miasmes mais aux eaux contaminées - c’est justement ce John Snow qui , dans un ouvrage de plus de 200 pages, y présentait de nombreuses études statistiques et 2 cartes. Sur l’une d’elle était représenté un quartier de Londres et voulait graphiquement et simplement démontrer sa théorie et présenter sa conclusion : le nombre de malades et décès du Cholera était lié à proximité des pompes à eau potable. Il avait ainsi la réponse au titre de son ouvrage “On the mode of communication of Cholera”.

S’il ne vécut pas assez longtemps pour voir le résultat de son travail, celui-ci eu tout de même un impact considérable puisque le visuel passa de main en main... Et il eu 2 grands effets :
. le premier, d’aider les scientifiques, en se basant sur son étude, à démontrer les causes du Choléra,
. le second, d’engager l’énorme chantier de création d’un réseau d'égouts digne de ce nom pour cette ville monde de l’époque. Ce fut Joseph Bazalgette qui s’en chargea avec un immense talent et qui restera dans la postérité.

(Carte de Charles Minard de 1869 montrant le nombre d’hommes au sein de l’armée de Napoléon lors de la campagne de Russie de 1812, leurs mouvements, ainsi que les températures rencontrées lors du retour)

Une image vaut mille mots - Confucius

Le premier effet a donc permis une prise de conscience, puis démonstration, que les miasmes n’étaient pas à l’origine des maladies.

Le second effet a ouvert la conscience des forces politiques de l’époque d’enfin traiter le problème à sa source, et d’y consacrer tous les moyens financiers, humains et technologiques de l’époque.

Certains parlent d’un Data Driven Insight au sens où pour nos 2 graphiques (Snow et Hawkins) c’est la donnée (data) qui apporte l’enseignement (insight). Et ils ont raison. Mais que serait cette donnée sans la simplicité et la lisibilité du schéma ? Snow et Hawkins ne sont pas graphistes ou designers, mais ils ont eu le talent.

C’est sur le second effet du travail de Snow que je voudrais conclure. Comme pour lui au XIXè siècle, j'espère que les “Stripes de Hawkins” pourront nous aider à nous unir - enfin en pleine conscience, et non dans le déni, l’évitement, ou le “nos enfants se débrouillerons, je serai mort avant” - pour donner un futur à notre humanité.

Car l’enjeu est à ce point important que si l‘on veut éviter la catastrophe, nous devons forcer nos politiques à y consacrer tous les moyens financiers, humains et technologiques de notre époque.
Quitte à se faire gronder depuis le haut d’une tribune par une enfant !


Patrick Avril — PDG @ Use Designune agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

24 septembre 2019

3 idées de service pour (re)créer l’expérience habitant (collectif)

(photo d’en-tête : chasse aux oeufs de Pâques à la cité radieuse à Marseille - via le blog des habitants)

Tout autour de nous est “expérience”, et prétexte, grâce à une approche centrée sur les humains et à des méthodologies de design, à la proposition de produits et services apportant toujours plus de valeur, d’innovation, voir de disruption.

Mais il me semble qu’une partie de nos vies est laissée sur le bord de la route de notre époque sans cesse en disruption et innovations de toutes sortes : l’expérience de l’habitat/logement collectif. 

Hors cela représente pour partie d’entre nous un quotidien bien réel (45% des logements en 2019 en France sont des logements collectifs, environ 16 millions sur 36 - et la proportion est légèrement plus élevée en moyenne dans la zone Européenne), et une tendance marquée d’un futur probable vers les villes (de l'exode rural du XIXème siècle, la démographie galopante annonce les mégalopoles de demain).

De la ville et de ses logements

Sans aller jusqu’à nous projeter dans une ville comme Lagos au Nigéria, pensons à nos immeubles haussmanniens, nos cités de banlieue, nos résidences de centre-ville ou en périphérie, qui peuvent sembler “moches” à certains.
La plupart d’entre nous s'est logé dans un habitat collectif, en famille, entre amis ou colocataires, pendant ses études ou en transit, bref nous avons tous de quoi nous remémorer des moments de vie dans cet espace de transition entre intérieur (notre logement) et extérieur (le dehors où nous partons au travail, à l’école, en courses, en balade, en voyage…).

Hors cette transition et l’expérience que nous y vivons, semble s’appauvrir de jour en jour. 
Je vis pour ma part dans Paris, passé d’un ancien immeuble haussmannien chargé d’histoires et de vécus, à une petite résidence de logements tout beaux, tout neufs.

Et naïf comme je le suis parfois, je me disais, “génial, les promoteurs et les architectes ont dû et pû s’en donner à coeur joie pour imaginer et proposer une super expérience pour les nouveaux habitants”... 
Et bien mise à part un “local de convivialité”, que personnes ne sait ni ne peut utiliser, ces grosses boites à appartement ne sont que du vide. Les appartements sont habités - au sens faire expérience avec - oui, mais pas la résidence, dont rien ni personne n’a prévu les moyens, les codes, les outils, les humains pour créer et développer du lien.

Mon immeuble avant/après

Mon immeuble haussmannien avait sa gardienne. Il était occupé par des personnes âgées étant nées dans l’immeuble qui vous racontaient volontiers l’histoire du quartier. Le quartier avait sa place dans l’immeuble car les commerçants y faisaient commerce et parfois l'habitait. Mais ce n’était pas le paradis pour autant, ce n’est pas ce que je veux dire. 
De nombreuses choses auraient pu être améliorées. Il y avait cependant un liant, apporté par l’histoire et la gardienne.

Dans ma résidence toute neuve, ce liant n’existe pas. Un groupe d'habitant se retrouve régulièrement via un blog et des activités de jardinage, mais un rien ferait capoter ces bonnes volontés. Car aucun socle n’est posé qui permette de construire et pérenniser une expérience collective.

Loin de moi l’idée de dire c’était mieux avant, car je n'apprécie pas trop cette vision des choses. Je préfère dire “il y a tant à faire de mieux, allons-y !”

Comment pourrait-on repenser l’expérience habitat ?

Enfin, me direz-vous, voilà mon propos : que pourrait-on faire ? Car il y a tant à faire.

Avant de vous proposer de découvrir des pistes d’innovation, je tiens à mettre l’accent sur une étude (2014-2015) de l’observatoire AGEFOS-PME sur les métiers de gardienne et concierge : partant de la statistique imparable que ce métier est en voie de disparition (50% en moins à Paris entre 1980 et 2010 !), ils ont pris le parti d’en analyser les raisons et chose merveilleuse pour aller de l’avant, ils en ont fait ressortir de manière très détaillée, les activités et tâches bénéfiques.

Cette étude est une mine d’or car elle prend chaque spécialité pour la traduire dans une forme de Persona avec une photographie des activités d'aujourd'hui (en perdition parfois), mais surtout celle de DEMAIN en les classant avec différents angles de vues (mission principal, conditions de mise en oeuvre, compétences requises et aptitudes, formations, employeur).

Voilà donc une mine d’Insights pour tout acteur de l’habitat collectif qui cherche à innover dans son domaine.

Mais en dehors de ce rôle clé de la gardienne-concierge, n’y a-t-il pas d’autres possibilités d’innover ? d’apporter enfin du sens et de la valeur à ce type d’expérience ?

L’expérience habitat ou refonder le paradigme du partage

Comme je le disais, la gardienne n’est pas le graal, mais je dirais plutôt le ciment - et quand on parle bâtiment, ce mot fait particulièrement sens 😉
Elle est le ciment du lien et du partage, car beaucoup de choses passent par elle, que ce soient des objets (lettre, colis, course), des moments (les bonjours, les rencontres), des dialogues et des émotions.

Mais ce ciment du partage peut aller bien au delà de la seule redevabilité de la gardienne, qui disparaît c’est un fait. 
Aussi je vous propose de découvrir quelques axes de nouvelle valeur ajoutée, basés sur des pratiques d’autres temps ou d’autres lieux, et de les classer en 3 catégories :

# le partage de moyens
# le partage de savoirs et savoir-faires
# le partage par l'entraide

Commençons par le partage de moyens, et nous verrons les 2 suivants dans un prochain article…

Une nouvelle expérience habitant, par le partage de moyens

Ce partage de moyens, peut dans un habitat collectif être le fait d’un groupe de personnes isolées, mais dans d’autres pays la notion de “Community/Shared laundry” en Amérique du nord ou “Tvättstuga” en Suède est déjà historiquement bien ancrée (parfois en train de disparaître comme nos gardiennes).

Un immeuble collectif peut (doit ?) en effet disposer d’un espace “commun”, souvent une laverie, où l’on se partage du matériel (lave linge, séchoirs, éviers…). Pas besoin donc individuellement de posséder tout ce matériel. C’est donc un enjeu clé pour un monde plus responsable sur sa dimension écologique.

Et comment ne pas pousser la réflexion sur d’autres matériels que nous n’utilisons presque jamais et qui pourraient être partagés ?

Par exemple nos outils de bricolage ! Quand on sait qu’une perceuse “grand public” n’est utilisée que 12 minutes sur le total de sa durée de vie, ne pourrait-on pas imaginer un espace dans chaque immeuble ou résidence où les habitants pourraient louer ce matériel ?

Peut-être même les emprunter gratuitement car payé par la copropriété ?
Et fourni par un acteur du domaine ? enseigne de bricolages, fabricants, ou loueurs professionnels ?
Pourquoi ces acteurs ne poussent-ils pas ces idées aux promoteurs immobiliers ?
Pourquoi ne puis-je pas, en tant que membre d’un syndic de copropriété, me tourner vers des fournisseurs pour faire installer ce type de structure dans ma résidence ?

Ces espaces communs permettant de partager des moyens se retrouvent également dans des habitats plus spécifiques (résidences haut de gamme dont le niveau de luxe ne se juge plus qu’à la taille de l’appartement mais à la liste de services et d’espaces à disposition), ou avec une approche plus globale (les “building amenities” = pas seulement la laverie, mais le sport, les loisirs)...
Mais aussi pour les espaces non plus d’habitation mais de bureaux.
Petit aparté sur les bureaux : si la gardienne disparaît dans l'habitat, elle (re)vient en force au bureau avec de nouveaux rôles jugés essentiels dans le bonheur au travail : l’office et/ou happiness manager - voir le témoignage de Marie, notre Office manager chez use.design sur ce sujet.

Et tout cela sans oublier le travail dans les années 50 de Le Corbusier pour sa Cité radieuse, et le développement de ses idées sur le bien vivre ensemble au travers des espaces/services communs.
Ou plus avant encore avec les réflexions sur un nouveau lieu de vie commun - précurseur du logement social d’entreprise - dans les Phalanstère de Fourier et autre Familistère de Guise au XIXème siècle.
Mais nous y reviendrons plus tard...

Voilà pour ce petit tour d’horizon rapide. Beaucoup d’idées et d’opportunités donc peuvent s’ouvrir à nous.
Et pour conclure ce chapitre, voici 2 réflexions sur ce thème du partage de moyens, menées par des industriels et des architectes. Signal, peut-être encore faible, que cela peut devenir un thème majeur de nos réflexions sur les conditions de logements de demain.


Patrick Avril — PDG @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

2 septembre 2019

L’ère des drones a (officiellement) commencé – partie 1

En 2015, un article dans The Economist nous souhaitait la bienvenue dans la nouvelle ère des drones... Ce titre a raisonné à nouveau pour moi cet été, grâce à la curiosité (un peu inquiète) de ma jeune fille : “Papa, c’est quoi le truc qui vole devant nous ?”
Nous étions en effet en famille à Florence, sur la place Michel-Ange à admirer la vue sur cette ville magnifique, lorsqu’un drone s’est approché de nous.

Et derrière sa question, je me suis rendu compte que malgré mon assurance de façade (un drone de loisir, de passionné de photo, de la police, de quelqu’un de mal intentionné ?), j’étais dans l'incapacité de l’assurer véritablement des fonctions et intentions de cet objet.

En effet, contrairement à notre jeu habituel avec elle et son petit frère, “regarde le camion de pompier et sa grande échelle, le tracteur rouge comme Tonton, le TGV qui passe au loin, l’avion qui décolle pour une destination à deviner, la voiture électrique qu’on entend presque pas…”, ici je ne savais que dire, et prenais donc conscience qu’elle et moi étions bien en présence d’une nouvelle ère d’Objet Volant Non encore Identifié (OVNeI).

Que veut donc dire cette nouvelle ère pour nous autres humains, observateurs et spectateurs de ce nouveau ballet volant ? Comment allons-nous développer nos codes d’identifications pour apprendre à reconnaître ces nouveaux objets, et vivre avec ? Et comment les industriels peuvent-ils et doivent-ils nous y aider ?

Dans cet article, je vous propose de continuer cette réflexion sur l’identification de ces nouveaux objets volants, dans une première partie côté grand public, puis dans une seconde côté professionnels de la gestion du trafic aérien.

Partie 1 - Les drones au quotidien, une histoire d’évolution darwinienne ?

Imaginez-vous dans une jungle il y a 350 millions d’années, dans la peau d’un amphibien…
Je sais cela demande un gros effort de projection 😉 Vous avez évolué - votre espèce - durant des millions d’années et acquis tout ce qu’il vous fallait pour comprendre votre environnement et reconnaître vos congénères et autres espèces, amis ou ennemis. 

Et puis un jour (ou presque) - il y environ 250 millions d’années - les dinosaures ont débarqués !
Vous avez donc dû tout réapprendre : reconnaître leurs différences, leurs comportements, qui étaient les espèces amies (herbivores sympas, mais si gigantesques), et surtout les ennemis, les (très) méchants prédateurs au dents acérées, prêts à vous dévorer en une seule bouchée.

Ce petit brin d’histoire à la Jurassic Park, est malheureusement une réalité d’aujourd’hui : nous humains sommes confrontés à une nouvelle espèce, les drones !!!
Ces nouveaux OVNeI sont parmi nous et nous allons devoir apprendre à les reconnaître pour mieux vivre avec.

Par exemple, dans (presque ?) toutes les villes du monde, être piéton s’avère souvent une expérience ardue tel ce fragile animal dans la jungle entouré de prédateurs. Ces prédateurs ce sont tous les véhicules roulants qui ne sont pas nos égaux en taille, poids et vitesse de déplacement.

Avec le temps, notre temps au travers de notre expérience vécue, et le temps de l’humanité via ce que l’on nous enseigne et recommande, nous savons tous désormais reconnaître chacune de ces typologies de véhicules, de la trottinette au vélo, du scooter à la moto, de la petite voiture au gros 4x4, de la camionnette au camion, de l’ambulance à la voiture de police…

Tous nos sens concourent à cette reconnaissance immédiate qui va nous faire ressentir en sécurité ou en danger. Et ce sont surtout la vue et l’ouïe qui sont mis à contribution :
. par la vue nous savons reconnaître et distinguer les formes, tailles et signifiants visuels de ces véhicules (couleur, signalétique, lumières) ainsi que leur comportement (vitesse, déplacement),
. par l’ouïe, nous augmentons cette reconnaissance de distinction (le bruit du moteur d’une moto n’est pas le même que celui d’une voiture ou d’un camion ; la sirène des pompiers est différente de la sirène d’une ambulance ou de la police…) et de comportement (on reconnaît à la puissance sonore du moteur d’un véhicule s’il accélère ou freine, on entend les pneus crisser lors d’un freinage brusque,…).

Ainsi nous pouvons, en toute maîtrise, adapter nos comportements. Tout « utilisateur » de la ville et de son espace urbain sait de fait :
. traverser au bon moment quand les véhicules freinent au stop et n'accélèrent pas,
. appeler un taxi et non un camion de livraison,
. redoubler d’attention quand on entend une sirène de pompier/ambulance/police,
. monter dans le (bon) bus, et non dans un camion citerne,
. savoir en tant que cycliste, que même si l’on est prioritaire, on ne force pas la priorité devant un camion lancé à pleine vitesse...
Et des centaines d’autres exemples encore, fruit de plus de 100 ans d’évolution des automobiles dans nos vies. Voir des très récents comme la nécessité d’adapter nos comportements avec l’arrivée des trottinettes en libre service, par exemple pour les mals voyants

En dehors des villes et dans d’autres contrées, le stress que j’évoquais pour l’amphibien, est vécu depuis quelques années par les civils habitants dans les zones de conflit - voir ce sujet présenté via l’oeil d’une ONG, d’un philosophe de la guerre (sic), ou du très intéressant ouvrage d’un autre philosophe Grégoire Chamayou “Théorie du Drone” chez La Fabrique éditions -.

Terrés et terrifiés par ces guerres dont ils ne sont que victimes impuissantes, ils sont confrontés au quotidien à la peur des campagnes de surveillance et de bombardements de drones militaires. Ils tentent de s’adapter en devinant leur forme, leur comportement, leur pays d’origine… Mais la menace reste présente et ils continuent à vivre la peur au ventre.

Ce stress, ce danger permanent, n’est à souhaiter à personne, hors c’est désormais notre quotidien, et si l’on peut encore se sentir en sécurité à Florence, qu’en est-il ailleurs ?

Le temps n’est-il pas venu que les industriels fabricants de ces objets, fassent appel au designer pour qu’enfin ces objets soient IDENTIFIABLES ?
Que ce soient par leur affordance formelle, leur couleur, leur signalétique, les solutions sont infinies, pour que demain on puisse nommer la fonction et l’intention de ces objets.

Et donc dans mon exemple, que je puisse répondre à ma fille - voir idéalement qu’elle puisse elle-même y répondre - en reconnaissant dans ce drone :
. un drone de loisir d’un passionné de photos, voir d’un photographe professionnel, qui réalise des prise de vue,
. un drone de livraison (logistique), qui apporte au petit stand un nouveau stock d’objets pour touristes,
. un drone d’opérateur de voyage, qui s’approche d’un touriste pour l’informer que son bus va repartir,
. un drone des services de la ville, qui surveille la fréquentation de la place pour nourrir une base de donnée publique,
. un drone de la police, qui surveille les pickpocket dans ce lieu hautement touristique…

Pour conclure, et vous donner une idée de ce que l’on pourra bientôt vivre dans cette nouvelle ère des drones, voici un graphique très éloquent tiré d’un article sur Blomberg.com de fin 2018, exposant les projections d’Airbus sur le nombre d’appareils volants au dessus (dans) Paris en 2035 :

Oui, vous avez bien lu ! Airbus estime qu’en 2035 il y aura plus de 20 000 vols de drones par heure sur Paris (dont une grande majorité ayant trait à la logistique et la livraison) - contre presque rien actuellement.

Nous avons 15 ans pour nous y habituer...


Patrick Avril — PDG @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

Agence de design UX/UI/Product à Paris, accompagne les créateurs de produits digitaux qui facilitent la vie professionnelle depuis 2002

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