29 October 2019

La Tech4Good, ce hashtag qu’on voit partout

Depuis quelque temps maintenant, suite à la prise de conscience collective autour du développement durable et aux impacts négatifs que peuvent générer l’innovation et le digital, on voit apparaître le terme Tech4good. En effet, ce concept se développe de plus en plus dans le milieu de la startup notamment mais est également soutenu par nos politiciens. Cet article a pour objectif de peindre un portrait rapide de ce concept en pleine expansion.

Qu’est ce que la Tech4Good ?

Notre société connaît régulièrement des changements surtout depuis le début de l’ère du numérique. Petit à petit nous prenons conscience des effets que cette révolution peut avoir au niveau économique, sociétal et environnemental. Cette prise de conscience est un nouveau tournant dans l’industrie de l’innovation laissant place à l’envie d’innover pour le bien commun. Comme le suggère Clément Bastide, fondateur de l’agence digitale OutRun, la Tech4good introduit les notions de bienveillance et de durabilité dans l’innovation.

“Pour moi, la Tech for Good désigne l’idée de passer de l’innovation au progrès. On imagine des concepts basés sur des idées qui pourrait nous aider à mieux vivre, car elles ont un impact direct sur l’individu et la société. Aujourd’hui, la technologie nous permet de répondre à des enjeux qui nous dépassaient il y a quelques années, mais pose également de nombreuses questions auxquelles il est important de répondre. Par exemple, comment instaurer ces mesures dans les mœurs sans bouleverser un mode de fonctionnement déjà établi ?” - Clément Bastide, Comprendre la Tech for Good en 3 questions, culture-formations.fr, mai 2019

#HealthTech - La startup française “Pixee Medical a mis au point un dispositif qui vise à appliquer la réalité augmentée à la chirurgie du genou puis de l'épaule, en guidant le praticien grâce à des lunettes connectées, à la façon d'un GPS.” voir l’article des Echos.

En effet, si l’on prend l’exemple des réseaux sociaux comme Facebook, ils ont été populaires très vites. Peu d’entre nous aurait pu prévoir les impacts que cela a pu avoir sur nos vies. En s’imposant, les réseaux sociaux ont changé notre quotidien et ont participé au  façonnage de nouvelles problématiques sociétales : l’expansion du cyber harcèlement, le body shaming, la sur-médiatisation, l'instantanéité, l’apparition de nouveaux métiers, entre autres.

Vous l’aurez compris, la Tech4good souhaite anticiper ces impacts - surtout négatifs - tout en continuant à améliorer nos vies quotidiennes. Par soucis d’inclusion et de bienveillance, elle s’intéresse à des sujets peu mis en lumière jusqu’ici et de nouveaux sous-mouvements font leur apparition :

  • La Tech 4 climate change ou la GreenTech qui propose des solutions aux problématiques liées au réchauffement climatique;
  • La Health Tech ou la Tech4health qui permet de rendre accessible les prothèses grâce à l’impression 3D ;
  • La CivicTech et HandiTech traitant tous deux de l’inclusivité sociale et citoyenne ;
  • l’EdTech ou la Tech4Education avec par exemple la VR comme nouvel outil pédagogique.

Ainsi, des industries traditionnelles sont en plein changement.

#EdTech -Lalilo est une application web construite avec les professeurs des écoles et pour les professeurs et leurs élèves. Elle permet un suivi en classe et à la maison.”

Un mouvement global

Il est certain que ces questions autour de l’impact positif que peut avoir la Tech sur la société sont maintenant au coeur des débats. Il semblerait qu’il y a un réel désir d’innover pour la société et non plus seulement pour la technologie comme on a pu le voir lors de VivaTech en début d’année. En effet, tout au long de ces 3 jours de salons ont eu lieu des conférences autour de cette thématique afin de sensibiliser les gens. On y voit une réelle opportunité : la 4ème Révolution Industrielle, l’Industrie 4.0, au service de l’Humain. Cet essor autour de la Tech4Good sollicite également l’intérêt de financement conséquent et l’appuie de grands groupes. En effet, selon l’étude de Tech In France et PwC France et Afrique francophone, voici quelques chiffres clés qui représentent la Tech4Good :

  • Sur 120 entreprises retenues par l’étude, plus de 50% ont eu une levée de fond d’au moins 1 million d’euros.
  • Près de ⅔ des entreprises dans la Tech4Climate ont levé plus d’1 million d’euros.
  • 7% des 120 entreprises ont levé plus de 10 millions d’euros.

A cet engouement économique s’ajoute un appui de la part de la société civile avec des initiatives associatives et un fort soutien de la part du gouvernement.

#HandiTech - Wheeliz, la location entre particuliers de véhicules aménagés. Voir d’autres startups françaises issues de la HandiTech.

Qu’en disent les gouvernements ?

Depuis quelques années maintenant, on voit de plus en plus de politiciens s’intéresser à l’innovation technologique. En effet, cette évolution technologique constante soulève de nouvelles problématiques de gouvernance notamment en ce qui concerne la gestion de la Data, la dématérialisation des Services Publics, de nouveaux modes de transports, la transformation des villes, etc. Les gouvernements doivent donc s’adapter et développer de nouvelles protections citoyennes. Les politiciens ont non seulement un devoir de protection envers les citoyens mais aussi envers la planète tout en développant économiquement le pays.

C’est ce qu’ont mis en avant les évènements successifs de ce milieu d’année 2019 :

  • Le 2ème Sommet de la Tech4Good eu lieu le 15 mai dernier à l’Élysée. Son objectif fut de réfléchir avec des acteurs de l’innovation, au développement technologique pour un impact positif sur la société. Cette année 5 ateliers étaient au programme : l’accès à l’éducation; la diversité, le travail, l’inclusion sociale et la protection de l'environnement. 
  • L’engagement de chef d’Etat, le même jour que le sommet, de dirigeants d’entreprises  via “L’appel de Christchurch” pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme en ligne.
  • VivaTech 2019 durant lequel la sécurité digitale fut au centre des des priorités politiques. En effet, Justin Trudeau, premier ministre Canadien, a insisté sur l’importance de l’implication des gouvernements dans l’innovation et dans cette 4ème révolution industrielle que nous traversons : “hate and extremism are thriving online” ( "La haine et l'extrémisme prospèrent en ligne"). Comme nous l’ont montré les élections américaines, le Facebook Data Leak, la diffusion live de attentats de Christchurch ou encore la propagation en masse des fake news, la sécurité en ligne est plus que jamais incertaine. 

#GreenTech - Chouette, la startup qui permet aux viticulteurs de surveiller leurs vignes à l’aide de drones. Découvrir d’autres startup de la GreenTech.

La succession du Sommet pour la Tech4Good, “L’appel de Christchurch”, puis de Vivatech 2019 lance un message pour que les acteurs de l’innovation, de la startup au gouvernement, se rassemblent pour avancer ensemble pour une société plus sûr, plus équitable et plus saine. Quel cela soit un coup de com’ ou une mise en action sincère, cela est un autre débat.

Que penser de tout ça ?

Effectivement, tout cela est bien but what next ? On va se heurter inévitablement aux GAFA dont l’influence sur le monde économique est telle qu’on en peut pas les ignorer et encore moins ne pas les inclure dans la démarche. Le projet réel perd de sa valeur, de son impact. Les sanctionner c’est aussi se punir économiquement mais aussi culturellement puisqu’ils sont ancrés dans nos moeurs. Qui ne publie pas ses vacances sur les réseaux sociaux ? Qui ne communique pas à distance via Whatsapp ? Qui ne cherche pas à limiter ses coûts au quotidien tout en gardant un confort et une liberté de mouvements ? Dans le même genre, le Sommet de la Tech4Good fut peu médiatisée mais y été présents le PDG de Twitter notamment ou encore des représentants de Delivroo. Super qu’ils soient présents mais eux aussi ont beaucoup à faire pourrait-on dire. Bref, la controverse sera toujours là.

Pour conclure, la Tech4good ce n’est pas qu’un coup de pub en investissant dans des produits pour la conscience des consommateurs mais aussi un état d’esprit et une attitude éthique dans sa globalité (interne et externe). Les investissements semblent aller vers des innovations plus bienveillantes, la technologie et le développement durable ne sont plus vus comme des adversaires. Peut-on penser que cette Tech4Good est la réponse à la crise mondiale et sociale que nous traversons ? ou est-ce un nouveau genre de green washing ?



Amandine Guegano —  UX & Service Designer @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.
Crédits : Jeremy Lanfranchi - Power Tree Singapore

26 November 2019

3 retours d’expérience de Design System réussis dans le domaine B2B

Si l’on parle facilement de la nécessité et de l’intérêt de mettre en place un Design System pour toute plateforme digitale grand public, nous savons chez use.design, agence UX UI à Paris, pour en avoir réalisé plusieurs dizaines pour des entreprises du secteur B2B en France, que le design système s’avère également précieux dans le domaine de l'application mobile professionnelle.

En plus de la définition du design system, voici 3 exemples de chantier UX UI, 3 petites histoires, qui au travers de leurs contextes et enjeux spécifiques, vous aideront à comprendre pourquoi il vous sera utile de développer et mettre en oeuvre un tel chantier avec vos équipes produit, design et développement.

Le premier retour d'expérience de cet outil d'UX/UI design se focalise sur l’angle du besoin utilisateur, le second sur l’angle des équipes produit/développement, et le troisième sur le contexte des méthodologies Agile.

Ce retour d'expérience vous est proposé par Use Design, une agence UX/UI spécialisée dans le design de logiciel et application mobile/web.

Définition

Le "Design System" est le processus de définition de l'architecture, des fonctionnalités, des interfaces et des données d'un système destinées à satisfaire des besoins précis dans les domaines de l'expérience utilisateur (UX) et de l'interface utilisateur (UI).

On peut le définir comme une "bibliothèque" d'éléments graphiques et de programmation, un kit ou une boîte à outils à disposition du designer et du développeur pour leur faciliter le design et le développement d'un site web, d'une application mobile ou d'un logiciel SAAS.

TECHNIDATA, ou comment un Design System peut porter la diversité des expériences utilisateurs

Avant que le terme Design System n’apparaisse ces dernières années dans les domaines de l'UX et de l'UI en France, on parlait pour une interface utilisateur plus facilement de “Graphical or Design Guideline”. C’est donc en ces termes que notre équipe de designers UX/UI a imaginé pour TECHNIDATA de développer une grammaire d’interface commune, tant du point de vue graphique qu’ergonomique, pour un ensemble d’applications de santé.

Un Système de Design adaptable à de multiples supports d’interaction

Le point de départ du design système est un simple constat, celui du besoin utilisateur :
Dans ce domaine de la santé, et plus particulièrement le contexte de l'hôpital, on sait en effet le peu de temps que les personnels de santé peuvent prendre pour se former aux nouveaux outils digitaux.

Leur besoin est donc de disposer d’une application web ou mobile dont les interfaces leurs soient suffisamment intuitives, simples à appréhender, et surtout proposant une courbe d’apprentissage la plus rapide possible. Et idéalement que ces mécanismes de découverte, d’apprentissage et d’utilisation, soient consistants d’une application à l’autre.

On réduit ainsi pour l’utilisateur la frustration d’avoir à ré-apprendre, et on gagne en confiance et en autonomie.

Au delà de l’univers graphique à imaginer et décliner, au delà des grands principes de navigation et d’interactions, les experts en UX UI Design ont donc posé leurs objectifs au travers de la reformulation suivante :

Comment pourrait-on proposer des principes d’UI “universels” ? communs et reproductibles d’une application à une autre ?

Universels, au sens plus modeste dans le cas de TECHNIDATA, de la richesse de ces solutions applicatives (scope fonctionnel, contexte d’utilisation, supports et modes d’interactions, cible marché et profils utilisateurs).

Exemple de Design Guidelines qui cartographie les principes graphiques et ergonomiques

Le résultat s’est donc concrétisé par la création et la déclinaison d’un Design System sur 4 applications qui chacune développe une variante :

  • d’une architecture visuelle illustrant les niveaux de navigation = pour ainsi rendre intuitif (après le premier apprentissage) les modes de navigation et d’interactions quelle que soit l’application,
  • d’une gamme de couleurs pour les blocs et composants = pour ainsi structurer les écrans et favoriser la compréhension des messages,
  • d’un univers iconographique approprié au contexte métier et le plus figuratif possible = pour ainsi renforcer la connivence avec le domaine et les fonctions métier.

Restait donc aux équipes TECHNIDATA à implémenter ce Design System à l’occasion d’un chantier de refonte UX UI ou plus modestement d’un “relooking”. Cependant, pour chacun de ces chantiers, la tâche n’avait rien de triviale. Car non seulement, les nouveaux principes ergonomiques nécessitaient de profonds changements du code, mais comme chaque logiciel disposait de son Framework/Language de développement, il fallait reconsidérer pour chaque implémentation les manières d’intégrer ces nouvelles spécifications ergonomiques et graphiques.

Cela représentait donc des chantiers coûteux en temps et en ressources. Je parle au passé car ce projet date d’il y a près de 10 ans, et depuis les choses ont bien changé, et nous le verrons dans le prochain exemple, si la technologie est unifiée, comme le permet par exemple Angular, le travail en est grandement facilité.

SUEZ Aquadvanced, ou comment faire naître et rendre vivant un Système de Design pour une équipe produit/développement

L’eau est une ressource précieuse, et sa gestion une expertise du quotidien, tant en amont pour la production d’eau potable, qu’en aval quand il s’agit de la retraiter. C’est sur ce secteur que SUEZ propose une gamme complète de solutions métiers destinées aux acteurs de la gestion d’eau et en particulier des collectivités locales.
Regroupées sous la marque Aquadvanced, ces applications venues d’horizons différents (sous domaine métier, pays et industriel, technologies, chaîne de valeur client) concourent toutes à aider le gestionnaire à maîtriser la ressource et à en sécuriser la distribution.

Une salles de supervision d’un réseau de gestion d’eau potable

Hors aujourd'hui ce gestionnaire veut avoir la maîtrise de la chaîne entière, pour mieux analyser le cycle de l’eau et ainsi mieux informer et servir ses usagers. Les équipes produit SUEZ ont décidé de construire sur cet insight pour développer une nouvelle ligne produit où l’ensemble des applications seraient unifiées dans leur UX (et leur technologie), pour offrir ainsi aux exploitants un outil moderne, performant et unifié.

Et pour cela, il fallait bâtir un Design System résolument orienté métier, et donc solide, mais tout à la fois “élastique” afin de porter les évolutions futures.
Car pour un acteur comme SUEZ, rien n’est jamais figé. La suite Aquadvanced se construit brique par brique, dans un temps qui doit tenir compte des évolutions sans cesse renouvelées des besoins clients.

Le Système de Design en cours d'élaboration et mise à disposition sur la plateforme UX caravel.design

La copie d'écran ci-dessus est une démonstration de l'utilisation de notre outil de gestion de projet UX caravel.design, afin de faciliter la mise en place et le suivi d'un projet de Design System.

Au delà du besoin utilisateur donc, que l’on a pu analyser dans le précédent retour d’expérience avec TECHNIDATA, ici l’enjeu fort est également en interne. En effet, comment garantir aux équipes produit et développement :

  • les bases d’une bonne compréhension de l’expérience utilisateur (UX) (profils, besoins, motivations attentes) ?
  • une bonne compréhension de l’état de l’art existant (historique métier et technologique, besoins spécifiques) ?
  • une force de proposition pertinente pour les architectures d’interface, et la diversité des composants à imaginer ?
  • la création d’une identité d’interface à la hauteur de la qualité de la marque SUEZ ?
  • une intégration des parties prenantes de manière à engager un état d’esprit “Design System” côté produit et côté développement ?
  • un suivi dans la durée par une “core team” à même d’assurer les évolutions design et techniques nécessaires ?

Ce sont certains des défis que notre équipe de designer UX s’est posée, et à réussi avec une équipe chez SUEZ motivée et engagé dans cette nouvelle vision.

Le projet de design système finalisé avec des exemples de déploiement sur divers applications

Une des réussites du projet est également passée par... une personne, un lien privilégié. Non pas un UX UI designer, mais un profil hybride chez SUEZ, développeur Front d’origine, il a su prendre en main le sujet, pour en assurer son expertise première : l’intégration du Design System dans Angular.
Mais aussi, il en fait un outil technique vivant, qu’il peut faire évoluer au fil des besoins des équipes produit (PO, Marketing).
Et surtout, au delà des outils, il assume pleinement son rôle d’animateur, qui rend le projet vivant auprès de tous.
Est-ce les prémisses d’un nouveau rôle dans les entreprises ? Le Design System Manager ?
C’est effectivement le questionnement actuel des équipes Design chez BlaBlaCar présenté lors de la conférence UXdays en juin dernier.

Un an à peine après les premiers entretiens terrain avec des exploitants, les équipes SUEZ déployaient la première déclinaison du projet sur quelques applications et pouvaient ainsi en découvrir tous les bénéfices, tant par les retours positifs des clients, que ceux de toutes les parties prenantes en interne.

THALES TopWings, ou comment développer un projet complexe au travers d’une méthodologie Agile

Mettre en place et animer un Design System est un défi majeur pour nos équipes UX & UI, et nécessite un temps important, en particulier pour une expérience digitale riche et complexe. C’est un défi pour toutes les équipes de poser les bases tant UX que UI de ce que sera la future expérience client / utilisateurs digitale, puis de co-créer, de réaliser, d’implémenter, et de faire vivre. Et on voit déjà dans cette phrase, que les différentes étapes nécessaires, peuvent être fortement engageantes pour les équipes, dont les designers.

Le parcours utilisateur comme point de départ du scope de Design System à réaliser

Alors imaginez…

Que nous ne soyons pas sur ce “classique” cycle en V, mais sur une méthodologie Agile (type Scrum), ou comme il se doit - et là où est toute sa puissance - tout bouge suivant les Sprints, les itérations de conception, de développement et d’évaluation…

ET où vous n’avez pas 1 équipe, mais 5 à 9 en fonction des périodes, car le périmètre fonctionnel et les enjeux produits sont gigantesques…

ET que vous démarrez de ZERO, car il n’y a pas d’existant, ni fonctionnel, ni UX, ni UI ou de Direction Artistique…

Voilà un défi comme on les aime chez use.design !!!

ET ce défi, pour le résumer en un phrase, c’est bien une gageure : Comment peut-on concilier les principes du Système de Design (pérennisation, structuration, règles, normes, principes, gammes) alors que l’Agile, n’est que le juste contraire ? C’est à dire un château de sable - mouvant - que vous devez reconstruire à chaque ressac de la marée…

Les interactions sur les écrans types du Design System en cours de définition

Pour ce projet avec THALES, qui traite d’une super application d’EFB (Electronic Flight Bag), le dossier de vol digital du futur du pilote d’avion de ligne), nous avons pris le parti chez use.design de poser certaines bases solides afin d’éviter ces “sables mouvants” :

  • plusieurs équipes pour traiter toute la richesse fonctionnelle = 2 à 3 équipes chez nous sur 6 à 8 mois, constituées de 2 UX Designer super Sénior ;
  • un super héro de la UI = super senior + super expert des IHMs métier et aéronautique + adepte des fondamentaux du Design System,
  • s’appuyer sur des PO forts (sénior, et hyper expert du domaine métier) afin d’assurer la préparation / suivi des Sprint, rédaction des User Story avec les représentants des utilisateurs, et contact en temps réel avec les équipes de développement ;
  • assurer un lien virtuel (car équipes à divers endroits en France) au moyen d’une plateforme de suivi projet (JIRA + CONFLUENCE), et d’outils de maquettage et prototypage (Sketch + InVision + Prototypes iOS sur mesure) ;
  • Se rencontrer régulièrement en présentiel pour garder le lien, désamorcer les points de fiction projet, co-créer...

Le défi d’un projet décliné sur divers dispositifs interactifs

La clé du succès me demanderez-vous ?

Elle n’est pas unique selon nous, mais dépend bien évidemment de ces solides bases posées plus haut. Et surtout elle réside dans une question d’équilibre.
Un parfait équilibre à trouver entre rigueur et flexibilité. Cet équilibre est dur à trouver car, comme je le disais, Design System et Agilité, ne sont pas nées pour faire bon ménage.

Mais comme rien n’est inné à la naissance, il vous faudra engager vos équipes (UX UI designers, PO, développeurs), à acquérir cette flexibilité au fil des Sprints.

Par exemple, que chacun puisse personnellement se remettre en question, au sens, faire preuve d'élasticité dans ses propos : passer de “non, ce composant est défini comme cela dans le projet, c’est une règle...”, à “oui, pourquoi pas le faire évoluer de cette manière, je vais essayer…”. Se tenir prêt à dialoguer, en mode “et si…”, plutôt que “fais pas ci, fais pas ça…”

Et cela doit passer par un (très) bonne dose de confiance mutuelle. Si l’on considère ce triptyque (designers, PO, développeurs), alors les 3 doivent être mis au même pied d’égalité, par les managers et décideurs. Il ne doit pas y avoir de petit rôle, d’expertise de second ordre.

*A propos du Système de Design :

Pour ceux qui voudraient découvrir le Système de Design, de (très très très) nombreuses publications sont disponibles. En voici quelques-unes - sélection personnelle parfaitement subjective - pour débuter cette découverte :

Et bien sûr le blog de use.design sur lequel nous publions régulièrement des articles sur le sujet du Design Système… et bien d’autres !

L’agence Use.Design, spécialisée dans le Design System et l’UX UI

Notre agence de design, fondée en 2002 et basée à Paris, est spécialisée dans l’UX UI ainsi que le Design System et accompagne les créateurs de plateformes digitales au travers d’une offre de de services complète afin d’optimiser l’expérience utilisateur et l’interface utilisateur d’une application mobile ou web, d’un logiciel SaaS ou encore d’un site internet :

  • UX design 
  • UI design
  • UX UI design
  • Système de design
  • Design Thinking
  • Design Sprint
  • Recherche et Test d’utilisateurs
  • etc

Pour découvrir notre offre de services plus en détail, c’est ici.


Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design UX/UI et de design système à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants en France et à l'international.

12 November 2019

Quand le cinéma témoigne des pratiques design

Design Fiction : quid du parcours utilisateur et de l'UX dans les films ainsi que de l'impact du cinéma sur l'expérience spectateur/utilisateur ? Dans le domaine de l’innovation, on sait à quel point la science fiction (en littérature et au cinéma) a pu et peut encore fortement inspirer les créateurs et fondateurs de startups. Le Design Fiction est même en passe de devenir une pratique privilégiée quand on souhaite se projeter sur une vision, un imaginaire lointain. La série Black Mirror en est une bonne concrétisation quant à sa capacité à rendre tangibles ces bien tristes scénarios de nos probables futurs. A l’opposé de cette vision lugubre, je vous invite à découvrir, et participer, aux ateliers de Bright Mirror imaginés par l’agence Bluenove, afin de prendre le contre-pied et de co-imaginer un futur lumineux.

Cet article sur l'UX dans les films et les pratiques design dans le cinéma, les séries et le docu-fiction vous est proposé par l'agence Use.Design spécialisée dans l'UX/UI Design et l'optimisation du parcours utilisateur d'une application mobile/web ou d'un logiciel SaaS.

Le design dans la fiction

Avant de concevoir du design fiction en découvrant notre futur, empli de désespoir ou d’idéal, des films, séries, ou docu-fiction, les réalisateurs de cinéma ou de séries ne pourraient-ils pas, en nous offrant un regard, une mémoire sur le passé, nous proposer des témoignages sur les bonnes ou mauvaises pratiques de la création et des méthodologies du design au cinéma et à la télévision ?

Et bien, oui 🙂 nous vous en avons déniché quelques uns.es, qui ont pour chacun.e l’intérêt de nous dévoiler un volet, un point de vue particulier...

Film - Le Fondateur, ou le prototypage rapide

Ce film, parfait exemple du design fiction, raconte une partie de l’histoire de la marque Mc Donald. elle se concentre sur la relation entre les 2 créateurs, les frères Richard « Dick » et Maurice « Mac » McDonald, et le fondateur, Raymond « Ray » Kroc, qui va en faire le modèle de succès de business que l’on connaît.
Parfait exemple de l'UX dans les films, une des découvertes de cette oeuvre de fiction inspirée d'une histoire réelle est le travail de prototypage des 2 frères, tel un prototype UX design dansle cinéma, pour imaginer le fonctionnement parfait de leur restaurant de Burgers. En effet, au lieu de faire un plan et d’imaginer un process, ils vont louer un terrain de Tennis, pour y simuler à l’échelle 1, l’organisation des différentes activités, et le fonctionnement complet de la cuisine.
C’est donc la preuve d’une conception centrée utilisateur, itérative et co-créative !

Série - Mind Hunter, ou la définition de Personas

Si le thème des tueurs en série ne vous fait par peur, voir au contraire vous intéresse (sic), voici une excellente série, tirée de 2 livres des principaux protagonistes, qui va vous plonger dans la genèse de la compréhension des Serial Killers par le FBI à la fin des années 70 et début des années 80.
Chose étonnante dans la série, plusieurs scènes peuvent être reliées aux pratique du design centré humain/utilisateur, et de l’idée même de la démarche : si vous voulez arrêter ce type de meurtriers, il faut :
- aller sur le terrain, comprendre le passé pour mieux comprendre le futur ;
- multiplier les interviews avec les différents détenus, afin de trouver les traits communs ;
- prendre des chemins détournés, et faire des écarts, car chaque rencontre est différentes et peut mener à l’idée ou la compréhension soudaine de nouveaux concepts clefs ;
- et enfin, faire le tri des informations, sous forme de cartes, afin de classifier les différents profils de meurtriers en série. Ou en d’autres termes, définir des Personas !

On vous laisse juge du critère principal de cette méthode de design centré humain/utilisateur : faire preuve d’empathie 😉

Le design dans le docu-fiction : Gutenberg, l'aventure de l'imprimerie, ou la première startup de l’histoire ?

Si on parle souvent de l'UX dans les films ou les séries, n'oublions pas les documentaires qui ne sont pas en manque d'exemples de design fiction réussis. Dans ce documentaire, de très belle facture et riche d’enseignements sur l’histoire de l’invention de l’imprimerie, on prend le prétexte de la découverte de la vie (mouvementée et mystérieuse) de Gutenberg, pour plonger dans l’aventure… d’une start-up !
En effet, tout est réuni : l’idée, les financeurs, le marché, les innovations technologiques (très nombreuses), et bien sûr la dimension design avec les prototypes, le temps interminable de tests et d’itérations, l’invention typographique...
Selon moi, la leçon à retenir de de docu-fiction de très bonne facture, est que la start-up de Gutenberg est un parfait échec commercial ! En effet, même si son invention va révolutionner le monde, en son temps, elle ne lui aura rien rapporté.

Série - Silicon Valley, ou les tests utilisateurs

Vous avez toujours voulu découvrir la face cachée d’une startup de la Silicon Valley ? Et bien cette série est faite pour vous 😉 Vous y trouverez de nombreux exemples, à suivre ou plutôt à ne pas suivre, d’une parfaite démarche produit/design.
Et dans ce genre “mauvaise pratique”, je vous suggère cet extrait d’une évaluation de groupe, où le fondateur tente désespérément de convaincre son panel de la qualité de son interface.
Merci à Hugues Randriatsoa pour le partage.

L'UX dans les films : Sully, ou le facteur humain pour le meilleur - (spoiler)

⚠️ Attention, même si c'est un sujet qui est passé dans l'actualité, si tu n'as pas vu le film, ne lis pas ce qui suit ⚠️

Rares sont les films qui racontent la réussite d’un sauvetage de crash aérien avec le point de vue de l’équipage. Hors c’est le cas ici, dans cette folle histoire du vol 1549 US Airways qui a atterri dans (ou plutôt sur) l’Hudson à New-York City en janvier 2009.
Dans ce film de 2016, Clint Eastwood, via l’excellent acteur Tom Hanks, nous présente l'enquête dans le détail, et les doutes du Pilote et de son copilote, qui semblent les mener à leur mise en accusation…
Avant le rebondissement final, dans lequel Tom Hanks qui campe le pilote héros Chesley « Sully » Sullenberger, parvient à démontrer à tous ses accusateurs qu’ils avaient juste oublié de tenir compte d’un facteur dans leur simulation de crash - qui selon eux était évitable - : le facteur humain !

L'UX dans les films : Tchernobyl, ou le facteur humain pour le pire - (garanti sans spoiler)

Récemment la chaine de télévision M6 a rediffusé l'excellente mini-série sur la catastrophe de Tchernobyl, catastrophe nucléaire qui est survenue en Ukraine le 26 avril 1986.
Contrairement à l'exemple précédent dans le film Sully, ici bien c'est le facteur humain qui a causé la catastrophe. Je ne parlerai pas du volet politique, mais d'un aspect qui est présenté dans les premiers épisodes : le manque, quasi l'absence, de confiance de l'utilisateur envers le système et les informations qu'il présente…

Le responsable de la salle - contrairement à ses collègues - refuse la réalité. Il ne peut imaginer ce qui est en train de se produire. "Ce type de réacteur RBMK ne peut exploser, ce n'est pas possible !". Le responsable refuse toutes les informations que lui présente la technique (les consoles), l'humain (ses collègues), et ses propres sens (l'ouïe, le mouvement...). Tout son corps est convaincu de l'impossible, et rien ne pourra le construire, jusqu'à la catastrophe. La question que je me pose, c'est si les concepteurs avaient envisagé ce comportement ? Doit-on justement en tant que concepteurs d'IHM/interfaces, se donner comme critère la confiance de l'utilisateur aux informations qu'on lui présente ?

A l'heure de la révolution annoncée des Intelligences Artificielles d'un côté, des fake-news ou des dark-pattern de l'autre, je pense que ce sera une question à se poser demain comme concepteur, voir LA question principale...


Cet article sur le parcours utilisateur et l'UX dans les films via le Design Fiction dans le cinéma a été rédigé par Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

7 November 2019

Un barcamp pour la semaine de l’innovation publique

Depuis le temps qu’on en rêvait, ça y’est c’est du concret !

À l’occasion de la semaine de l’innovation publique, use.design organise un Barcamp le 29 novembre prochain après-midi pour co-imaginer une solution publique innovante de mécénat d’actions sociales et environnementales.

Mais comment en est-on arrivé là ? 

Nous avons découvert l’initiative du portail de la transformation de l’action publique, qui chaque année se propose de lancer des initiatives durant 1 semaine, pour faire se rencontrer les acteurs publics, les citoyens, et tous les porteurs d’idées pouvant ensemble faire avancer l’action publique et co-créer notre monde de demain.

Cette initiative nous a paru formidable, car profondément utile et porteuse de toutes nos valeurs alliant créativité, utilité, et sens public. Mais modestement, en tant qu’agence de design, comment pouvions-nous contribuer ? sous quelle forme et avec qui ?

Nous avons d’abord choisi le format 

Un barcamp ou atelier de co-création, car en tant que Designer, c’est une méthode que nous pratiquons quasi quotidiennement, et l’on sait à quel point elle peut être efficace pour imaginer et co-créer à partir d’une idée, et/ou faire découvrir l’approche design et la confiance créative.

Puis nous avons cherché un thème, en analysant nos envies, nos expériences passées, nos rencontres, et une idée à germée...

Et si ce Barcamp pouvait être l’occasion de réunir des gens d’horizons différents ?
Et si ces gens avaient chacun la graine de quelques chose de nouveau et d’utile pour l’action publique ?
Et si on les aidait à faire naître une idée, une offre nouvelle ?

Alors Hugo Venturini, co-fondateur et CEO d’Arezzo, est revenu à mon esprit 

Nous échangeons souvent avec Hugo sur de nombreux sujets, et nous l’avons accompagné à envisager la dimension Design pour la mise en oeuvre de sa plateforme Arezzo. Son idée de mécénat participatif a bien évidemment raisonné en moi pour sa cible première, de mécénat culturel… mais très vite, je me suis dit : 

  • et si cela pouvait aussi se développer pour un mécénat public ? à dimension sociale et écologique ?
  • et si cela pouvait tous nous aider, à faire des petits pas pour que tous, à des niveaux modestes, puissions devenir les mécènes de notre environnement de demain ?

Mais cet idéal est resté dans un coin de mon esprit…

Jusqu’à ce que Sonia Ben Ali, co-fondatrice de l’ONG internationale Urban Refugees , me recontacte récemment 

Nous avons rencontrés Sonia l’an dernier. Elle avait été invitée par un de nos collaborateur à l’occasion d’un lunch & learn (activité pratiquée 2 fois par mois chez use design, consistant à déjeuner puis développer auprès de l’équipe un sujet qui nous intéresse).

Sonia nous a raconté l’histoire d’Urban Refugees mais aussi et surtout ses actions à travers le monde, ces personnes que l’association a aidé. Nous avons été très enthousiastes à l’idée de pouvoir participer à ce projet, mais comment ?

Cette fois, lorsqu’elle me recontacte, elle me parle de “lancer notre campagne de recrutement de tout petits donateurs”... Alors ça fait tilt, et je vois enfin la formule magique prendre forme dans mon esprit : 

Semaine de l’innovation publique = use.design + Arezzo + Urban Refugees

 

 

Voilà le décor est posé, vous savez tout 🙂

Reste pour vous à découvrir le détail de notre atelier/barcamp sur la page 👉 Eventbrite

Si vous êtes enthousiaste à l’idée de contribuer à ce beau projet, prenez vite vos places, elles sont limitées !

Vous y retrouverez toutes les informations concernant le déroulement de l’atelier et pour terminer la journée sous les meilleurs auspices, nous continuerons nos discussions autour d’un apéritif 🍾

À très bientôt 😉

Ps : le nombre de place est limité, car notre agence est belle, mais pas si grande, et nous voulons bien préparer et organiser l’atelier.


Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

1 October 2019

Et si un simple graphique pouvait changer la face du monde ?

Dans cet article, je voudrais débuter en remerciant Greta Thunberg, Ed Hawkins, John Snow (non pas celui que vous pensez tous, fan de GOT), et nos amis francophones qui sont descendus en masse ce week-end pour des marches gigantesques pour le climat ! (les 500 000 Québécois à Montréal, ou les 60-100 000 Suisses à Berne, contre 20 000 à Paris, on a encore du boulot…).

Après le discours enflammé et rageur de Greta Thunberg à l’ONU - je fais partie de ceux qui ont la conviction naïve de croire qu’une personne peut avoir le pouvoir de changer le cours de l’histoire (en bien), fusse-t-elle un enfant -, une autre nouvelle à propos du réchauffement climatique vient en effet chambouler notre quotidien.

Et cette nouvelle est un graphique, un graphique qui aurait enfin la simplicité et la force d’une prise de conscience irréversible et universelle. Rien que ça !

C’est en tout cas ce qu’entrevoit Adele Peters dans son article de Fast Company qui relaie le travail original d’Ed Hawkins et qui démontre l’immense efficacité et popularité du graphique.

Ce graphique, vous pouvez le trouver un peu partout, et en particulier dans l’Atlas de l’Anthropocene (photo de l’en-tête de cet article), et vous pouvez faire le vôtre sur ce site

Il présente l'évolution des températures du globe à un endroit donné, depuis que les scientifiques enregistrent cette information (environ 1850). On voit donc des lignes verticales - clin d'oeil à notre designer anglais préféré ? - bleu et rouges. Le bleu ce sont des températures froides, le rouge les chaudes. Le message est clair = le réchauffement est évident et c'est une tendance partagée à tous les endroits de la terre.

Démarrer une conversation

Ed Hawkins est à l’origine de ce site, des données, et donc du graphique originel. En parfait scientifique il sait que le changement climatique est un sujet complexe, pendant longtemps difficile à appréhender, mais que maintenant les effets sont là, considérables et terribles. Son ambition était donc de trouver une représentation simple à comprendre, pour aider à la prise de conscience, pour aider “à démarrer une conversation”.

Quoi de mieux comme ambition pour un créateur que son travail crée le dialogue ! Je trouve cette approche tout simplement géniale.

Génial, car il aborde un sujet très clivant avec bienveillance, simplement en montrant un visuel. Un visuel qui deviendra peut-être l'icône d’un changement de mentalité et d’action indispensable pour notre futur. L’icône d’une génération qui prend véritablement conscience et qui décide de passer à l’action. Un peu comme les enfants de ce couple de bourgeois de gauche dans le film La Crise 😉

Avant le réchauffement climatique, le Choléra

Mais revenons à notre graphique et à son - on l’espère - double rôle d’initiateur de dialogue et de cristalliseur de conscience. Ce n’est en effet pas la première fois qu’un visuel permet une prise de conscience majeure.

J’ai souvenir d’en avoir découvert un en 2005 à l’occasion de l’exposition “You Are Here : The Design of Information” au Design Museum à Londres. Cette carte était l’oeuvre d’un certain John Snow, scientifique anglais du XIXè siècle. Au milieu de ce siècle, la ville de Londres était ravagée par de nombreuses épidémies de Choléra, et la science à l’époque ne trouvait rien à y faire car tous pensaient que les miasmes en étaient la cause. Fort heureusement, Pasteur et tant d’autres viendront bientôt démontrer le contraire.

Mais le premier à faire cette démonstration - que le Choléra n’était pas dû aux miasmes mais aux eaux contaminées - c’est justement ce John Snow qui , dans un ouvrage de plus de 200 pages, y présentait de nombreuses études statistiques et 2 cartes. Sur l’une d’elle était représenté un quartier de Londres et voulait graphiquement et simplement démontrer sa théorie et présenter sa conclusion : le nombre de malades et décès du Cholera était lié à proximité des pompes à eau potable. Il avait ainsi la réponse au titre de son ouvrage “On the mode of communication of Cholera”.

S’il ne vécut pas assez longtemps pour voir le résultat de son travail, celui-ci eu tout de même un impact considérable puisque le visuel passa de main en main... Et il eu 2 grands effets :
. le premier, d’aider les scientifiques, en se basant sur son étude, à démontrer les causes du Choléra,
. le second, d’engager l’énorme chantier de création d’un réseau d'égouts digne de ce nom pour cette ville monde de l’époque. Ce fut Joseph Bazalgette qui s’en chargea avec un immense talent et qui restera dans la postérité.

(Carte de Charles Minard de 1869 montrant le nombre d’hommes au sein de l’armée de Napoléon lors de la campagne de Russie de 1812, leurs mouvements, ainsi que les températures rencontrées lors du retour)

Une image vaut mille mots - Confucius

Le premier effet a donc permis une prise de conscience, puis démonstration, que les miasmes n’étaient pas à l’origine des maladies.

Le second effet a ouvert la conscience des forces politiques de l’époque d’enfin traiter le problème à sa source, et d’y consacrer tous les moyens financiers, humains et technologiques de l’époque.

Certains parlent d’un Data Driven Insight au sens où pour nos 2 graphiques (Snow et Hawkins) c’est la donnée (data) qui apporte l’enseignement (insight). Et ils ont raison. Mais que serait cette donnée sans la simplicité et la lisibilité du schéma ? Snow et Hawkins ne sont pas graphistes ou designers, mais ils ont eu le talent.

C’est sur le second effet du travail de Snow que je voudrais conclure. Comme pour lui au XIXè siècle, j'espère que les “Stripes de Hawkins” pourront nous aider à nous unir - enfin en pleine conscience, et non dans le déni, l’évitement, ou le “nos enfants se débrouillerons, je serai mort avant” - pour donner un futur à notre humanité.

Car l’enjeu est à ce point important que si l‘on veut éviter la catastrophe, nous devons forcer nos politiques à y consacrer tous les moyens financiers, humains et technologiques de notre époque.
Quitte à se faire gronder depuis le haut d’une tribune par une enfant !


Patrick Avril — PDG @ Use Designune agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

24 September 2019

3 idées de service pour (re)créer l’expérience habitant (collectif)

(photo d’en-tête : chasse aux oeufs de Pâques à la cité radieuse à Marseille - via le blog des habitants)

Tout autour de nous est “expérience”, et prétexte, grâce à une approche centrée sur les humains et à des méthodologies de design, à la proposition de produits et services apportant toujours plus de valeur, d’innovation, voir de disruption.

Mais il me semble qu’une partie de nos vies est laissée sur le bord de la route de notre époque sans cesse en disruption et innovations de toutes sortes : l’expérience de l’habitat/logement collectif. 

Hors cela représente pour partie d’entre nous un quotidien bien réel (45% des logements en 2019 en France sont des logements collectifs, environ 16 millions sur 36 - et la proportion est légèrement plus élevée en moyenne dans la zone Européenne), et une tendance marquée d’un futur probable vers les villes (de l'exode rural du XIXème siècle, la démographie galopante annonce les mégalopoles de demain).

De la ville et de ses logements

Sans aller jusqu’à nous projeter dans une ville comme Lagos au Nigéria, pensons à nos immeubles haussmanniens, nos cités de banlieue, nos résidences de centre-ville ou en périphérie, qui peuvent sembler “moches” à certains.
La plupart d’entre nous s'est logé dans un habitat collectif, en famille, entre amis ou colocataires, pendant ses études ou en transit, bref nous avons tous de quoi nous remémorer des moments de vie dans cet espace de transition entre intérieur (notre logement) et extérieur (le dehors où nous partons au travail, à l’école, en courses, en balade, en voyage…).

Hors cette transition et l’expérience que nous y vivons, semble s’appauvrir de jour en jour. 
Je vis pour ma part dans Paris, passé d’un ancien immeuble haussmannien chargé d’histoires et de vécus, à une petite résidence de logements tout beaux, tout neufs.

Et naïf comme je le suis parfois, je me disais, “génial, les promoteurs et les architectes ont dû et pû s’en donner à coeur joie pour imaginer et proposer une super expérience pour les nouveaux habitants”... 
Et bien mise à part un “local de convivialité”, que personnes ne sait ni ne peut utiliser, ces grosses boites à appartement ne sont que du vide. Les appartements sont habités - au sens faire expérience avec - oui, mais pas la résidence, dont rien ni personne n’a prévu les moyens, les codes, les outils, les humains pour créer et développer du lien.

Mon immeuble avant/après

Mon immeuble haussmannien avait sa gardienne. Il était occupé par des personnes âgées étant nées dans l’immeuble qui vous racontaient volontiers l’histoire du quartier. Le quartier avait sa place dans l’immeuble car les commerçants y faisaient commerce et parfois l'habitait. Mais ce n’était pas le paradis pour autant, ce n’est pas ce que je veux dire. 
De nombreuses choses auraient pu être améliorées. Il y avait cependant un liant, apporté par l’histoire et la gardienne.

Dans ma résidence toute neuve, ce liant n’existe pas. Un groupe d'habitant se retrouve régulièrement via un blog et des activités de jardinage, mais un rien ferait capoter ces bonnes volontés. Car aucun socle n’est posé qui permette de construire et pérenniser une expérience collective.

Loin de moi l’idée de dire c’était mieux avant, car je n'apprécie pas trop cette vision des choses. Je préfère dire “il y a tant à faire de mieux, allons-y !”

Comment pourrait-on repenser l’expérience habitat ?

Enfin, me direz-vous, voilà mon propos : que pourrait-on faire ? Car il y a tant à faire.

Avant de vous proposer de découvrir des pistes d’innovation, je tiens à mettre l’accent sur une étude (2014-2015) de l’observatoire AGEFOS-PME sur les métiers de gardienne et concierge : partant de la statistique imparable que ce métier est en voie de disparition (50% en moins à Paris entre 1980 et 2010 !), ils ont pris le parti d’en analyser les raisons et chose merveilleuse pour aller de l’avant, ils en ont fait ressortir de manière très détaillée, les activités et tâches bénéfiques.

Cette étude est une mine d’or car elle prend chaque spécialité pour la traduire dans une forme de Persona avec une photographie des activités d'aujourd'hui (en perdition parfois), mais surtout celle de DEMAIN en les classant avec différents angles de vues (mission principal, conditions de mise en oeuvre, compétences requises et aptitudes, formations, employeur).

Voilà donc une mine d’Insights pour tout acteur de l’habitat collectif qui cherche à innover dans son domaine.

Mais en dehors de ce rôle clé de la gardienne-concierge, n’y a-t-il pas d’autres possibilités d’innover ? d’apporter enfin du sens et de la valeur à ce type d’expérience ?

L’expérience habitat ou refonder le paradigme du partage

Comme je le disais, la gardienne n’est pas le graal, mais je dirais plutôt le ciment - et quand on parle bâtiment, ce mot fait particulièrement sens 😉
Elle est le ciment du lien et du partage, car beaucoup de choses passent par elle, que ce soient des objets (lettre, colis, course), des moments (les bonjours, les rencontres), des dialogues et des émotions.

Mais ce ciment du partage peut aller bien au delà de la seule redevabilité de la gardienne, qui disparaît c’est un fait. 
Aussi je vous propose de découvrir quelques axes de nouvelle valeur ajoutée, basés sur des pratiques d’autres temps ou d’autres lieux, et de les classer en 3 catégories :

# le partage de moyens
# le partage de savoirs et savoir-faires
# le partage par l'entraide

Commençons par le partage de moyens, et nous verrons les 2 suivants dans un prochain article…

Une nouvelle expérience habitant, par le partage de moyens

Ce partage de moyens, peut dans un habitat collectif être le fait d’un groupe de personnes isolées, mais dans d’autres pays la notion de “Community/Shared laundry” en Amérique du nord ou “Tvättstuga” en Suède est déjà historiquement bien ancrée (parfois en train de disparaître comme nos gardiennes).

Un immeuble collectif peut (doit ?) en effet disposer d’un espace “commun”, souvent une laverie, où l’on se partage du matériel (lave linge, séchoirs, éviers…). Pas besoin donc individuellement de posséder tout ce matériel. C’est donc un enjeu clé pour un monde plus responsable sur sa dimension écologique.

Et comment ne pas pousser la réflexion sur d’autres matériels que nous n’utilisons presque jamais et qui pourraient être partagés ?

Par exemple nos outils de bricolage ! Quand on sait qu’une perceuse “grand public” n’est utilisée que 12 minutes sur le total de sa durée de vie, ne pourrait-on pas imaginer un espace dans chaque immeuble ou résidence où les habitants pourraient louer ce matériel ?

Peut-être même les emprunter gratuitement car payé par la copropriété ?
Et fourni par un acteur du domaine ? enseigne de bricolages, fabricants, ou loueurs professionnels ?
Pourquoi ces acteurs ne poussent-ils pas ces idées aux promoteurs immobiliers ?
Pourquoi ne puis-je pas, en tant que membre d’un syndic de copropriété, me tourner vers des fournisseurs pour faire installer ce type de structure dans ma résidence ?

Ces espaces communs permettant de partager des moyens se retrouvent également dans des habitats plus spécifiques (résidences haut de gamme dont le niveau de luxe ne se juge plus qu’à la taille de l’appartement mais à la liste de services et d’espaces à disposition), ou avec une approche plus globale (les “building amenities” = pas seulement la laverie, mais le sport, les loisirs)...
Mais aussi pour les espaces non plus d’habitation mais de bureaux.
Petit aparté sur les bureaux : si la gardienne disparaît dans l'habitat, elle (re)vient en force au bureau avec de nouveaux rôles jugés essentiels dans le bonheur au travail : l’office et/ou happiness manager - voir le témoignage de Marie, notre Office manager chez use.design sur ce sujet.

Et tout cela sans oublier le travail dans les années 50 de Le Corbusier pour sa Cité radieuse, et le développement de ses idées sur le bien vivre ensemble au travers des espaces/services communs.
Ou plus avant encore avec les réflexions sur un nouveau lieu de vie commun - précurseur du logement social d’entreprise - dans les Phalanstère de Fourier et autre Familistère de Guise au XIXème siècle.
Mais nous y reviendrons plus tard...

Voilà pour ce petit tour d’horizon rapide. Beaucoup d’idées et d’opportunités donc peuvent s’ouvrir à nous.
Et pour conclure ce chapitre, voici 2 réflexions sur ce thème du partage de moyens, menées par des industriels et des architectes. Signal, peut-être encore faible, que cela peut devenir un thème majeur de nos réflexions sur les conditions de logements de demain.


Patrick Avril — PDG @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

2 September 2019

L’ère des drones a (officiellement) commencé – partie 1

En 2015, un article dans The Economist nous souhaitait la bienvenue dans la nouvelle ère des drones... Ce titre a raisonné à nouveau pour moi cet été, grâce à la curiosité (un peu inquiète) de ma jeune fille : “Papa, c’est quoi le truc qui vole devant nous ?”
Nous étions en effet en famille à Florence, sur la place Michel-Ange à admirer la vue sur cette ville magnifique, lorsqu’un drone s’est approché de nous.

Et derrière sa question, je me suis rendu compte que malgré mon assurance de façade (un drone de loisir, de passionné de photo, de la police, de quelqu’un de mal intentionné ?), j’étais dans l'incapacité de l’assurer véritablement des fonctions et intentions de cet objet.

En effet, contrairement à notre jeu habituel avec elle et son petit frère, “regarde le camion de pompier et sa grande échelle, le tracteur rouge comme Tonton, le TGV qui passe au loin, l’avion qui décolle pour une destination à deviner, la voiture électrique qu’on entend presque pas…”, ici je ne savais que dire, et prenais donc conscience qu’elle et moi étions bien en présence d’une nouvelle ère d’Objet Volant Non encore Identifié (OVNeI).

Que veut donc dire cette nouvelle ère pour nous autres humains, observateurs et spectateurs de ce nouveau ballet volant ? Comment allons-nous développer nos codes d’identifications pour apprendre à reconnaître ces nouveaux objets, et vivre avec ? Et comment les industriels peuvent-ils et doivent-ils nous y aider ?

Dans cet article, je vous propose de continuer cette réflexion sur l’identification de ces nouveaux objets volants, dans une première partie côté grand public, puis dans une seconde côté professionnels de la gestion du trafic aérien.

Partie 1 - Les drones au quotidien, une histoire d’évolution darwinienne ?

Imaginez-vous dans une jungle il y a 350 millions d’années, dans la peau d’un amphibien…
Je sais cela demande un gros effort de projection 😉 Vous avez évolué - votre espèce - durant des millions d’années et acquis tout ce qu’il vous fallait pour comprendre votre environnement et reconnaître vos congénères et autres espèces, amis ou ennemis. 

Et puis un jour (ou presque) - il y environ 250 millions d’années - les dinosaures ont débarqués !
Vous avez donc dû tout réapprendre : reconnaître leurs différences, leurs comportements, qui étaient les espèces amies (herbivores sympas, mais si gigantesques), et surtout les ennemis, les (très) méchants prédateurs au dents acérées, prêts à vous dévorer en une seule bouchée.

Ce petit brin d’histoire à la Jurassic Park, est malheureusement une réalité d’aujourd’hui : nous humains sommes confrontés à une nouvelle espèce, les drones !!!
Ces nouveaux OVNeI sont parmi nous et nous allons devoir apprendre à les reconnaître pour mieux vivre avec.

Par exemple, dans (presque ?) toutes les villes du monde, être piéton s’avère souvent une expérience ardue tel ce fragile animal dans la jungle entouré de prédateurs. Ces prédateurs ce sont tous les véhicules roulants qui ne sont pas nos égaux en taille, poids et vitesse de déplacement.

Avec le temps, notre temps au travers de notre expérience vécue, et le temps de l’humanité via ce que l’on nous enseigne et recommande, nous savons tous désormais reconnaître chacune de ces typologies de véhicules, de la trottinette au vélo, du scooter à la moto, de la petite voiture au gros 4x4, de la camionnette au camion, de l’ambulance à la voiture de police…

Tous nos sens concourent à cette reconnaissance immédiate qui va nous faire ressentir en sécurité ou en danger. Et ce sont surtout la vue et l’ouïe qui sont mis à contribution :
. par la vue nous savons reconnaître et distinguer les formes, tailles et signifiants visuels de ces véhicules (couleur, signalétique, lumières) ainsi que leur comportement (vitesse, déplacement),
. par l’ouïe, nous augmentons cette reconnaissance de distinction (le bruit du moteur d’une moto n’est pas le même que celui d’une voiture ou d’un camion ; la sirène des pompiers est différente de la sirène d’une ambulance ou de la police…) et de comportement (on reconnaît à la puissance sonore du moteur d’un véhicule s’il accélère ou freine, on entend les pneus crisser lors d’un freinage brusque,…).

Ainsi nous pouvons, en toute maîtrise, adapter nos comportements. Tout « utilisateur » de la ville et de son espace urbain sait de fait :
. traverser au bon moment quand les véhicules freinent au stop et n'accélèrent pas,
. appeler un taxi et non un camion de livraison,
. redoubler d’attention quand on entend une sirène de pompier/ambulance/police,
. monter dans le (bon) bus, et non dans un camion citerne,
. savoir en tant que cycliste, que même si l’on est prioritaire, on ne force pas la priorité devant un camion lancé à pleine vitesse...
Et des centaines d’autres exemples encore, fruit de plus de 100 ans d’évolution des automobiles dans nos vies. Voir des très récents comme la nécessité d’adapter nos comportements avec l’arrivée des trottinettes en libre service, par exemple pour les mals voyants

En dehors des villes et dans d’autres contrées, le stress que j’évoquais pour l’amphibien, est vécu depuis quelques années par les civils habitants dans les zones de conflit - voir ce sujet présenté via l’oeil d’une ONG, d’un philosophe de la guerre (sic), ou du très intéressant ouvrage d’un autre philosophe Grégoire Chamayou “Théorie du Drone” chez La Fabrique éditions -.

Terrés et terrifiés par ces guerres dont ils ne sont que victimes impuissantes, ils sont confrontés au quotidien à la peur des campagnes de surveillance et de bombardements de drones militaires. Ils tentent de s’adapter en devinant leur forme, leur comportement, leur pays d’origine… Mais la menace reste présente et ils continuent à vivre la peur au ventre.

Ce stress, ce danger permanent, n’est à souhaiter à personne, hors c’est désormais notre quotidien, et si l’on peut encore se sentir en sécurité à Florence, qu’en est-il ailleurs ?

Le temps n’est-il pas venu que les industriels fabricants de ces objets, fassent appel au designer pour qu’enfin ces objets soient IDENTIFIABLES ?
Que ce soient par leur affordance formelle, leur couleur, leur signalétique, les solutions sont infinies, pour que demain on puisse nommer la fonction et l’intention de ces objets.

Et donc dans mon exemple, que je puisse répondre à ma fille - voir idéalement qu’elle puisse elle-même y répondre - en reconnaissant dans ce drone :
. un drone de loisir d’un passionné de photos, voir d’un photographe professionnel, qui réalise des prise de vue,
. un drone de livraison (logistique), qui apporte au petit stand un nouveau stock d’objets pour touristes,
. un drone d’opérateur de voyage, qui s’approche d’un touriste pour l’informer que son bus va repartir,
. un drone des services de la ville, qui surveille la fréquentation de la place pour nourrir une base de donnée publique,
. un drone de la police, qui surveille les pickpocket dans ce lieu hautement touristique…

Pour conclure, et vous donner une idée de ce que l’on pourra bientôt vivre dans cette nouvelle ère des drones, voici un graphique très éloquent tiré d’un article sur Blomberg.com de fin 2018, exposant les projections d’Airbus sur le nombre d’appareils volants au dessus (dans) Paris en 2035 :

Oui, vous avez bien lu ! Airbus estime qu’en 2035 il y aura plus de 20 000 vols de drones par heure sur Paris (dont une grande majorité ayant trait à la logistique et la livraison) - contre presque rien actuellement.

Nous avons 15 ans pour nous y habituer...


Patrick Avril — PDG @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

20 August 2019

Innovation digitale : les 5 révolutions du dossier Patient

UX Design & Santé : relancé en novembre 2018 par la Ministre de la Santé Agnès Buzyn, le Dossier Médical Partagé (DMP) fait partie de l'actualité de notre agence digitale cet été, en mettant en avant son succès... côté patient, et moindre côté professionnel de santé. 

Ce carnet de santé numérique représente un des volets du dossier Patient, utilisé de longue date aux formats papier ou numérique par les professionnels de santé. C’est le début d’une des révolutions de ce secteur, qui voit enfin proposé au Patient une visibilité importante sur son suivi médical. La visibilité revêtant de multiples objectifs et bénéfices pour tous les acteurs.

Mais pourquoi cela prend-il autant de temps ? 

Est-ce uniquement des raisons légales ou technologiques ? D’adoption au sens large ? 

Oui plus certainement, car cette (r)évolution prend du temps, et nos nombreuses collaborations dans le domaine de la santé depuis plus de 15 ans le démontrent.

Nous avons dégagé 5 thèmes qui vont vous faire mieux percevoir ce que ce dossier représente comme enjeux pour notre futur.
Chacun de ces thèmes se révele via un chiffre tiré de l’étude PwC Tech for good 2019 - Les chiffres clés de la Tech for Health.

Cet article vous est proposé par Use Design, une agence digitale à Paris spécialisée dans l'UX/UI design à destination des professionnels de la Santé.

 

LE RELATIONNEL


#relation miroir
#nouveaux rapports humains (patient/prof. santé)
#complexité des interactions humaines (entrées/sorties - émotions)
#le cercle familial plus que le patient

“3 médecins sur 4 estiment que la télémédecine fera partie de leur quotidien en 2030 (selon l’Assurance Maladie)”

A partir du moment où ce dossier patient n’est plus entre les seules mains d’un spécialiste ou professionnel de la santé, s’engage alors le besoin de partager le dossier pour en assurer son enrichissement, sa diffusion et son suivi.

D’une relation miroir 2 à 2 (médecin à patient, spécialiste à spécialiste), déjà une petite révolution en soi car nécessitant une bienveillance et des liens de communications forts, la révolution est désormais à plusieurs (plusieurs spécialistes en même temps, le patient et sa famille ou son accompagnant) en des lieux et des temporalité très différentes.

Ce relationnel se réinvente en permanence grâce aux outils à disposition qui ont pour avantages et objectifs de proposer de nouveaux rapports plus « humains » entre patient et professionnel. Rapports qui se diversifient également par l’ouverture à d’autres modalités médicales : en plus du triptyque diagnostic/soin/guérison, viennent en amont et en aval, l’éducation, l’information, l’accompagnement, le support, le suivi…

Découvrez notre article sur l’agence digitale et le designer au service de la santé.

La question à se poser est donc aussi de voir qui peut le mieux accompagner le patient ? La famille, les amis, les aidants, le pharmacien, l’employeur,... Et ainsi re-découvrir de nouveaux liens.

 

LA MATÉRIALITÉ


#expériences seamless pour tous les acteurs
#complexité des interactions physiques / digitales

“70 % des hôpitaux n’ont aucune traçabilité de leur suivi pré et post-opératoire (étude DGOS 2015)”

Sur ce besoin posé, qui ont le voit peut être multiple, on entrevoit grâce au numérique toutes les voix possibles pour sortir du dossier papier et le proposer en de multiples représentations qui devront être adaptées et optimisées pour chaque contexte.

Ici un portail patient pour un laboratoire d’analyse médicale, là une application de suivi pathologique via le conseil du Pharmacien, ou encore une app sur tablette pour le médecin en mobilité, ou une dalle tactile pour l’anesthésiste en bloc opératoire… tous ces dispositifs embarquent une partie du dossier patient pour en proposer les bonnes informations au bon moment.

L'enjeu n'est pas uniquement porté sur la création de nouveaux supports ou la performance technologique. Chaque jour, une nouvelle Start-up est à même de démontrer sa pertinence face à cela. Nous l'avons vu par notre vécu, l'enjeu majeur doit être la qualité de l'expérience de ces nouveaux produits ou services, pour ces différents profils d'utilisateurs.

Car eux, qu’ils soient patients ou professionnels de la santé, exigent une expérience « sans couture », qui leur apporte toute confiance dans cette qualité d’expérience, et de sécurité et confidentialité des informations.

 

 

LA TRANSVERSALITÉ


#scénarios innovants
#multiplicité des intervenants / dispositifs (responsive) / lieux
#cartographie des acteurs


“75% des salariés français attendent de leur employeur un suivi régulier de leur état de santé, et qu’il endosse un rôle de « coach » afin de les conseiller dans leur vie de tous les jours (source : étude Malakoff Médéric)”

Rares sont les innovations où l’on peut entrevoir autant de potentiels : d’un simple réceptacle d’informations, le champ des possibles s’ouvre sur les usages, les scénarios, les acteurs, les lieux, les dispositifs, les temporalités.

Cependant les exemples sont nombreux où ces composantes ne sont pas uniques, mais peuvent se recouvrer, s’entrechoquer : la télémédecine est un bon exemple puisque l’on peut multiplier les lieux (à distance) et le nombre de participants (même si un unique patient, les spécialistes dialoguent, se coordonnent et prennent des décisions/actions).

De nouveaux acteurs apparaissent, et adoptent le dossier patient : l’assureur qui souhaite avoir un regard sur l’état de santé de ses clients pour adapter son offre ; les pharmaciens qui se voient confier de nouveaux services de suivi et d’accompagnement par les instances ; les mutuelles de santé qui facilitent les échanges d’information sur les remboursements via la DSN…

Cette nouvelle cartographie est en devenir, toujours plus riche et plus complexe, où tout à terme devra converger.

 

LA RAPIDITÉ

#immédiateté de la relation
#simplicité attendue vs complexité procédures
#zéro temps de formation
#productivité

“70% des Français souhaitent prendre leurs rendez-vous médicaux et gérer leur dossier médical en ligne”

Face à cette complexité qui finalement est déjà présente, par exemple au sein des hôpitaux, l’enjeu d'une agence digitale spécialisée dans l'UX design est déjà de tenter de la rendre simple, à la fois pour les professionnels de la santé et les patients. Non pas qu’elle soit simpliste à traiter, bien au contraire, mais que les échanges et les usages via les dispositifs, soient intuitifs et arrangés aux bénéfices des utilisateurs.

Tout le monde souhaite l’efficience, la rapidité, l’immédiateté du service. Cependant, le personnel se réduit, sa formation initiale et surtout continue se réduisent comme peau de chagrin. Pas question de passer des heures à appréhender telle ou telle application ou nouveau matériel, rien ne doit freiner ou gêner les activités d’abord d’ordre médicale.

Dieter Rams qui a prôné le LESS IS MORE dans ses principes de design fondateurs, aurait certainement eu une belle réponse non seulement esthétique, mais au sens profond du terme (allier les qualités d’usage, d’esthétique et de marque), en proposant une lecture simple et belle en apparence.

 

L’INTELLIGENCE

#ai
#data


“50 % des patients interrogés seraient prêts à troquer leur médecin traitant contre des robots ou de l’IA”
Mais derrière l’apparente simplicité que l’on peut prôner pour répondre à ses besoins de rapidité, de transversalité, de matérialité et de relationnel, se cache la dernière révolution encore balbutiante : la data et l’intelligence artificielle.

La data d’abord, car c’est la richesse des GAFA d’aujourd’hui, et en toute évidence la richesse de toutes les données collectées au travers des millions de dossiers patients à venir.
Les dossiers alimentent cette immense bibliothèque de données avec toutes les caractéristiques que n’importe quel marketeur envierait : les profils, les services et produits utilisés, les réseaux de contacts, les lieux, les moments de vie…
Comment tirer un bénéfice (si possible pas uniquement commercial) de toute cette richesse d’information ?

L’AI en est un premier, dans le sens où via la richesse des données, on peut faire apprendre aux algorithmes à reconnaître des pathologies, via de l’analyse d’image, de données, de situations. Les premières solutions sont déjà là pour aider au diagnostic cardiologique, pour faciliter les diagnostics sur de l’imagerie, pour lancer des études de santé à grande échelle, pour que les laboratoires aient enfin accès à une multitude de cas qu’ils n’ont pas dans la majorité des études cliniques…

L’intelligence est bien cette dernière révolution. Dernière, car elle n’aurait pu émerger sans les bases du dossier Patient. Elle va ainsi se nourrir de ces champs fertiles de données à perte de vue, pour nous proposer mille usages et utilisations que nous espérons tous au bénéfices du plus grand nombre.


Patrick Avril — PDG @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

Use.Design est une agence digitale basé à Paris mettant l'UX design au service de la Santé.

9 July 2019

Use design for Smart Cities

Il y a quelque temps maintenant avait lieu la “Masterclass : les grands enjeux de la #Smartcity” organisée par Station F à Paris. 

Je suis ressortie de cette masterclass dubitative… voici pourquoi.

Tout d’abord, j’ai été impressionnée par l’accélération du processus d’innovation dans ce domaine notamment dans la mobilité qui reste le pan de la Smart City le plus développé. À ma grande surprise, de plus en plus de startups se concentrent sur des innovations human friendly - l’innovation au service de l’humain. J’ai notamment en tête Streetco qui propose des itinéraires adaptés aux personnes à mobilités réduites - un réel sujet de société lorsque l'on réalise qu'il peut concerner chacun d'entre nous. A titre informatif, on parle d'une personne à mobilité réduite aussi bien pour une femme enceinte, un parent avec une poussette, un ado qui s'est foulé la cheville, une personne âgée, handicapée ou malvoyante... Il s’agit tout simplement d’un individu ayant des difficultés à se mouvoir de manière temporaire ou définitive. Et pourtant nos villes ne sont pas toujours praticables pour ces personnes. 

Une autre surprise fut QUCIT, un vrai coup de coeur pour moi. Cette startup base son business model sur la data. Cependant, la technologie ne remplace pas la relation humaine. Le driver / moto de QUCIT est de mettre la data et l’IA au service du bien-être du citoyen. Concrètement, elle collecte et cartographie les comportements humains en prenant en compte tous les facteurs contextuels influençant ces comportements (géolocalisation, temporalité, …). Les modélisations de ces données permettent d’améliorer les services et d’identifier de réels difficultés dans l’expérience urbaine : pour l’optimisation des vélos en libre service ; pour l’amélioration du confort des espaces publics ou privés ; pour rendre intelligent le stationnement ; et enfin renforcer la sécurité routière.

Bien que la course à la data soit au centre des préoccupations, parmi les startup présentées plusieurs proposent des solutions alternatives pour faire évoluer nos usages et nous responsabiliser. En effet, notre planète est à mal. Il nous faut changer nos habitudes individuellement mais aussi en communauté. Cela passe par repenser nos interactions, notre consommation, nos déplacements, et notre gestion des déchets (entre autres).  C’est ce que propose LOVEYOURWASTE qui transforme les bio-déchets des entreprises en énergie. Tout aussi engagée dans cette lutte contre le gaspillage, TOOGOODTOGO et PEPINO donnent une 2ème chance aux produits périssables. Via une application des commerçants vendent leurs produits en fin de vie à moindre coût. TOOGOODTOGO a complété son engagement pour l’environnement en incluant dans son service une dimension sociale nous permettant de faire donation de notre achat à un sans-abris.

Dans l’ensemble, cette Masterclass nous a apporté de bonnes nouvelles concernant l’évolution de nos villes pour assurer bien-être et durabilité. Cependant, un grand nombre de startups présentées (et non citées dans cet article) sont centrées sur la Data et la Tech. L’enjeux premier serait de développer de nouvelles solutions numériques, d’innover et de faire mieux que son voisin. Face à ce constat, j’ai eu le sentiment que les startups se développent côte à côte, en parallèle et non ensemble pour un objectif commun. Leurs offres numériques semblent se détourner des utilisateurs premiers des Smart Cities, les citoyens, pour se tourner vers des prouesses technologiques. Avec cette course à l’innovation technologique, on voit apparaître des solutions digitales qui s'immiscent dans notre quotidien, collectent de la data et la revendent. 

D’ailleurs, je souhaite remercier les intervenants de cette Masterclass qui ont rappelé la définition de “Smart Cities” : villes au service des habitants. Ces villes sont imaginées vivables et mobiles proposant des moyens de transport rapides, faciles et agréables. Elles se doivent d’être résilientes et citoyennes en permettant une réappropriation de l’espace urbain par les citoyens. Enfin, les “Smart Cities” sont frugales à savoir agréables à vivre et consommant le moins de ressources naturelles possibles. Cette définition ne sous entend pas qu’il faut enclencher une course à la Data et à l’innovation Technologique. Le Low Tech a toute sa place ici également. 

Cette conférence m’a poussé à me poser des questions sur les effets de cette course vers une croissance continue et exponentielle. Certes, elle nous permet de vivre dans un monde de confort, où tout semble possible, du moins en occident. Cependant, ne sommes-nous pas témoins d’une époque où les relations deviennent virtuelles ? Où les liens sociaux et culturels s’estompent ? Où notre droit à l’anonymat et l’intimité diminue ? Dans ce changement que vivent nos villes, on peut y voir une évolution de la société comme nous en avons connu tout au long de l’Histoire. Mais donnons-nous réellement des chances d’adaptation à cette nouvelle société à tous les citoyens ? Cette course n’oublie-t-elle pas le pan social et citoyen de la Smart City ? Je ne peux m’empêcher de penser à la théorie d’évolution de Darwin “la survie du plus apte . Il est évident qu’il y a une recherche constante chez les entrepreneures d’innovation disruptive. Depuis la sortie de l’iPhone par Apple, égoïstement, on souhaite inventer LA solution que tout le monde connaîtra. Est-ce le plus SMART ? Oui, l’innovation est indispensable pour l’économie mais l’innovation à quel prix ? l’impact environnemental et social est-il mesuré ? Je me fait moins de soucis pour le pan économique.

De plus, je ne peux m'empêcher de constater la quasi absence d’un acteur fondamental quand il s’agit des questions concernant les villes et la citoyenneté : l'administration Publique. Dans un pays comme la France, la notion de Service Public est importante : trop pour certains, pas assez pour d’autres. Pourtant, il semblerait que cet acteur soit mis de côté ou se met de côté lorsqu’il s’agit de définir les villes de demain. C’est aussi ce que pointe du doigt Mathieu SAUJOT, directeur du programme transitions numériques et écologiques à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et de Thierry MARCOU, directeur du programme sujets urbains à la Fondation Internet nouvelle génération  : “de nombreux acteurs développent des offres principalement en marge des services publics de transport”.

Okay, Paris est un nid d’innovations, je dirais plutôt de bulles d’innovations qui s’entre-choquent. Quand une innovation n’est plus rentable, elle est remplacée par une autre. Le passé, le présent est remplacé par du nouveau. Des acteurs émergent puis disparaissent. Le Service Public est-il lui aussi voué à disparaître ? Nos innovations ne seraient-elles pas plus viables et durables si elles prenaient en compte l’existant, non pas pour combler un trou, mais pour l’améliorer et le compléter ? Quid de la transformation des politiques publiques ? Quand arrivera-t-elle à suivre notre capacité d’innover ? 

Il y a bien 2 mondes qui évoluent en parallèle : l’un plus rapidement que l’autre.  Pourtant des villes d’innovation comme Nantes nous prouvent qu’une autre dynamique est possible. Là bas, l’innovation est portée par la ville. L’écosystème est fédéré par celle-ci ou des regroupements de startups permettant une entraide chez les différents acteurs et un partage d’objectifs communs. Il y a un réel désir de partager une vision holistique avec et pour les citoyens. À Paris, IMPULSE PARTNERS tente également de créer un écosystème conséquent en proposant des mises en relations entre startups et grands groupes. Cela permet aux innovations de profiter d’un environnement économique et d’expertises plus stables tout en ayant accès à la créativité et l’agilité des startups. 

Encore une fois, concernant l’évolution de nos villes je ne peux que m’émerveiller devant la créativité de l’être Humain. Cependant, nous avons encore du chemin à faire pour réellement développer des Smart Cities tel que définies plus haut. En effet, le citoyen n’est pas un acteur dans ce changement, il est spectateur. La durabilité des solutions développées est aussi à remettre en question. Si une vision holistique n’est pas partagée, si l’écosystème n’est pas soudé, intuitivement,  je dirais que les innovations produites ne peuvent persister. C’est un ensemble que briques soudées entre elles qui permettent de faire perdurer une architecture dans le temps.

Au-delà de la pérennité, cet élan d’innovation génère un débat sans fin sur l’éthique surtout avec l’omniprésence de la digitalisation et de la data. Nos villes deviennent le terrain d’une course à l’innovation digitale coûte que coûte, pour le meilleur et pour le pire.

Et vous, qu’en pensez-vous ?


Amandine Guegano — Service Designer @ Use Design


Sources :

 « Le concept de “Smart City” n’est plus opérant », Le Monde, 25 avril 2018, propos recueillis par Laetitia Van Eeckhout, https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2018/04/25/le-concept-de-smart-city-n-est-plus-operant_5290389_4811534.html

“Trottinettes électriques: pour les «juicers», des clopinettes en batterie”, Libération, 10 mai 2019, par Gurvan Kristanadjaja
https://www.liberation.fr/france/2019/05/10/trottinettes-electriques-pour-les-juicers-des-clopinettes-en-batterie_1726187 [/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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