29 octobre 2019

La Tech4Good, ce hashtag qu’on voit partout

Depuis quelque temps maintenant, suite à la prise de conscience collective autour du développement durable et aux impacts négatifs que peuvent générer l’innovation et le digital, on voit apparaître le terme Tech4good. En effet, ce concept se développe de plus en plus dans le milieu de la startup notamment mais est également soutenu par nos politiciens. Cet article a pour objectif de peindre un portrait rapide de ce concept en pleine expansion.

Qu’est ce que la Tech4Good ?

Notre société connaît régulièrement des changements surtout depuis le début de l’ère du numérique. Petit à petit nous prenons conscience des effets que cette révolution peut avoir au niveau économique, sociétal et environnemental. Cette prise de conscience est un nouveau tournant dans l’industrie de l’innovation laissant place à l’envie d’innover pour le bien commun. Comme le suggère Clément Bastide, fondateur de l’agence digitale OutRun, la Tech4good introduit les notions de bienveillance et de durabilité dans l’innovation.

“Pour moi, la Tech for Good désigne l’idée de passer de l’innovation au progrès. On imagine des concepts basés sur des idées qui pourrait nous aider à mieux vivre, car elles ont un impact direct sur l’individu et la société. Aujourd’hui, la technologie nous permet de répondre à des enjeux qui nous dépassaient il y a quelques années, mais pose également de nombreuses questions auxquelles il est important de répondre. Par exemple, comment instaurer ces mesures dans les mœurs sans bouleverser un mode de fonctionnement déjà établi ?” - Clément Bastide, Comprendre la Tech for Good en 3 questions, culture-formations.fr, mai 2019

#HealthTech - La startup française “Pixee Medical a mis au point un dispositif qui vise à appliquer la réalité augmentée à la chirurgie du genou puis de l'épaule, en guidant le praticien grâce à des lunettes connectées, à la façon d'un GPS.” voir l’article des Echos.

En effet, si l’on prend l’exemple des réseaux sociaux comme Facebook, ils ont été populaires très vites. Peu d’entre nous aurait pu prévoir les impacts que cela a pu avoir sur nos vies. En s’imposant, les réseaux sociaux ont changé notre quotidien et ont participé au  façonnage de nouvelles problématiques sociétales : l’expansion du cyber harcèlement, le body shaming, la sur-médiatisation, l'instantanéité, l’apparition de nouveaux métiers, entre autres.

Vous l’aurez compris, la Tech4good souhaite anticiper ces impacts - surtout négatifs - tout en continuant à améliorer nos vies quotidiennes. Par soucis d’inclusion et de bienveillance, elle s’intéresse à des sujets peu mis en lumière jusqu’ici et de nouveaux sous-mouvements font leur apparition :

  • La Tech 4 climate change ou la GreenTech qui propose des solutions aux problématiques liées au réchauffement climatique;
  • La Health Tech ou la Tech4health qui permet de rendre accessible les prothèses grâce à l’impression 3D ;
  • La CivicTech et HandiTech traitant tous deux de l’inclusivité sociale et citoyenne ;
  • l’EdTech ou la Tech4Education avec par exemple la VR comme nouvel outil pédagogique.

Ainsi, des industries traditionnelles sont en plein changement.

#EdTech -Lalilo est une application web construite avec les professeurs des écoles et pour les professeurs et leurs élèves. Elle permet un suivi en classe et à la maison.”

Un mouvement global

Il est certain que ces questions autour de l’impact positif que peut avoir la Tech sur la société sont maintenant au coeur des débats. Il semblerait qu’il y a un réel désir d’innover pour la société et non plus seulement pour la technologie comme on a pu le voir lors de VivaTech en début d’année. En effet, tout au long de ces 3 jours de salons ont eu lieu des conférences autour de cette thématique afin de sensibiliser les gens. On y voit une réelle opportunité : la 4ème Révolution Industrielle, l’Industrie 4.0, au service de l’Humain. Cet essor autour de la Tech4Good sollicite également l’intérêt de financement conséquent et l’appuie de grands groupes. En effet, selon l’étude de Tech In France et PwC France et Afrique francophone, voici quelques chiffres clés qui représentent la Tech4Good :

  • Sur 120 entreprises retenues par l’étude, plus de 50% ont eu une levée de fond d’au moins 1 million d’euros.
  • Près de ⅔ des entreprises dans la Tech4Climate ont levé plus d’1 million d’euros.
  • 7% des 120 entreprises ont levé plus de 10 millions d’euros.

A cet engouement économique s’ajoute un appui de la part de la société civile avec des initiatives associatives et un fort soutien de la part du gouvernement.

#HandiTech - Wheeliz, la location entre particuliers de véhicules aménagés. Voir d’autres startups françaises issues de la HandiTech.

Qu’en disent les gouvernements ?

Depuis quelques années maintenant, on voit de plus en plus de politiciens s’intéresser à l’innovation technologique. En effet, cette évolution technologique constante soulève de nouvelles problématiques de gouvernance notamment en ce qui concerne la gestion de la Data, la dématérialisation des Services Publics, de nouveaux modes de transports, la transformation des villes, etc. Les gouvernements doivent donc s’adapter et développer de nouvelles protections citoyennes. Les politiciens ont non seulement un devoir de protection envers les citoyens mais aussi envers la planète tout en développant économiquement le pays.

C’est ce qu’ont mis en avant les évènements successifs de ce milieu d’année 2019 :

  • Le 2ème Sommet de la Tech4Good eu lieu le 15 mai dernier à l’Élysée. Son objectif fut de réfléchir avec des acteurs de l’innovation, au développement technologique pour un impact positif sur la société. Cette année 5 ateliers étaient au programme : l’accès à l’éducation; la diversité, le travail, l’inclusion sociale et la protection de l'environnement. 
  • L’engagement de chef d’Etat, le même jour que le sommet, de dirigeants d’entreprises  via “L’appel de Christchurch” pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme en ligne.
  • VivaTech 2019 durant lequel la sécurité digitale fut au centre des des priorités politiques. En effet, Justin Trudeau, premier ministre Canadien, a insisté sur l’importance de l’implication des gouvernements dans l’innovation et dans cette 4ème révolution industrielle que nous traversons : “hate and extremism are thriving online” ( "La haine et l'extrémisme prospèrent en ligne"). Comme nous l’ont montré les élections américaines, le Facebook Data Leak, la diffusion live de attentats de Christchurch ou encore la propagation en masse des fake news, la sécurité en ligne est plus que jamais incertaine. 

#GreenTech - Chouette, la startup qui permet aux viticulteurs de surveiller leurs vignes à l’aide de drones. Découvrir d’autres startup de la GreenTech.

La succession du Sommet pour la Tech4Good, “L’appel de Christchurch”, puis de Vivatech 2019 lance un message pour que les acteurs de l’innovation, de la startup au gouvernement, se rassemblent pour avancer ensemble pour une société plus sûr, plus équitable et plus saine. Quel cela soit un coup de com’ ou une mise en action sincère, cela est un autre débat.

Que penser de tout ça ?

Effectivement, tout cela est bien but what next ? On va se heurter inévitablement aux GAFA dont l’influence sur le monde économique est telle qu’on en peut pas les ignorer et encore moins ne pas les inclure dans la démarche. Le projet réel perd de sa valeur, de son impact. Les sanctionner c’est aussi se punir économiquement mais aussi culturellement puisqu’ils sont ancrés dans nos moeurs. Qui ne publie pas ses vacances sur les réseaux sociaux ? Qui ne communique pas à distance via Whatsapp ? Qui ne cherche pas à limiter ses coûts au quotidien tout en gardant un confort et une liberté de mouvements ? Dans le même genre, le Sommet de la Tech4Good fut peu médiatisée mais y été présents le PDG de Twitter notamment ou encore des représentants de Delivroo. Super qu’ils soient présents mais eux aussi ont beaucoup à faire pourrait-on dire. Bref, la controverse sera toujours là.

Pour conclure, la Tech4good ce n’est pas qu’un coup de pub en investissant dans des produits pour la conscience des consommateurs mais aussi un état d’esprit et une attitude éthique dans sa globalité (interne et externe). Les investissements semblent aller vers des innovations plus bienveillantes, la technologie et le développement durable ne sont plus vus comme des adversaires. Peut-on penser que cette Tech4Good est la réponse à la crise mondiale et sociale que nous traversons ? ou est-ce un nouveau genre de green washing ?



Amandine Guegano —  UX & Service Designer @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.
Crédits : Jeremy Lanfranchi - Power Tree Singapore

31 janvier 2020

Le retour du retour du CES Las Vegas 2020 d’Olivier Ezratty

Êtes-vous déjà allé au CES à Las Vegas ? Vous en rêvez - ou pas ? Ou tout simplement vous voulez en avoir l’échos, voir le résumé ?

Et bien Olivier Ezratty est la personne rêvée depuis plusieurs années pour vous/nous proposer la synthèse de cet événement de la tech, de l’innovation, et du gadget.

Je vous invite à télécharger son dernier rapport sur le salon de cette année 2020 qui en près de 366 pages vous fait découvrir ce salon dans ses moindres recoins. 

Pour y être allé début 2016 avec mon associé, puis y avoir envoyé 2 de nos designers début 2019, je peux vous témoigner à quel point le travail d’étude et de synthèse d’Olivier est un véritable tour de force.

Le salons est tellement grand, et le nombre de produit exposé tellement délirant, qu’en faire les tour est impossible pour Monsieur tout le monde. Et s’en faire un idée cristalline au retour, s’avère être une mission impossible.

Le rapport d’Olivier est donc précieux. Et cerise sur le gâteau, il proposait hier au Forum des Images une présentation synthétique de son rapport sur le CES Las Vegas 2020.

Après une présentation rapide des organisateurs (Forum des Images & CAP Digital) et partenaires (Living Things, Systematic & Business France), Olivier a fait le show pendant près de 3 heures avec 2 autres co-animateurs, Fanny Bouton et Dimitri Carbonnelle, et des invités surprise. Merci à eux.

Comme cette présentation sera certainement bientôt disponible en Replay, je ne vais pas donc vous la résumer. Mais je vous propose de prendre ma plume pour vous faire part en synthèse des grands thèmes et tendances développées sur ce salon, les vrais et les faux :

Les 6 “fausses” tendance selon Olivier Ezratty

Après une partie de la présentation consacrée à l'événement dans son ensemble, Olivier a listé un certain nombre de tendances ou de thèmes qui sont “censé” refléter l’actualité de ce salon. Ce que j’ai apprécié dans les propos d’Olivier c’est sa capacité à poser un point de vue “raisonné” (et donc partial) sur ces sujets.

. "Des produits au solutions"

Comme quoi toutes les entreprises feraient disparaître leur produit aux profit de solutions (le plus souvent digitales) = non les produits sont encore bien présents, et peut-être trop car souvent futiles

. Des solutions centrées sur l’humain

Comme quoi toutes les entreprises découvriraient l’humain qui se cache derrière leur produit = non l’humain-client a toujours été dans le viseur des entreprises, et si on voit le verre à moitié plein, ce sont d’autres facettes que l’on découvre : l’utilisateur, l’usager, le citoyen, le patient… - ou si on voit le verre à moitié vide, c’est juste le nouveau “washing” du moment, le “humanwashing” Je penche pour les 2, avec 40% verre plein, et 60 verre vide 😉

. "Tout le monde peut faire de tout"

Comme quoi toutes les entreprises pourraient changer leur modèle au point de faire des produits contre nature de leur ADN. L’exemple avec la voiture de Sony = non, les entreprises tentent juste de démontrer leur valeur produit ou service au travers de nouveaux scénarios et contextes d’usages.

. "Les entreprises traditionnelles se transforment"

Comme quoi toutes les entreprises prendraient à bras le corps la transformation digitale = non, rares sont celles qui se transforment totalement au point d’être à 100% digitales

. "2020 année charnière"

Comme quoi toutes les entreprises n’auraient qu’à bien se tenir, car cette année c’est vraiment l’année charnière = euh, charnière de quoi exactement ? parce que si on y regarde depuis 15 ans les choses (au CES) ne changent pas beaucoup, et rien cette année ne semble prédire ce changement radical.

. "En 2023 on va tous voler en VTOL"

Comme quoi toutes les entreprises pourraient délaisser voitures de fonction et jets privés pour passer en mode abonnement UBER et hélico électrique autonome = on en reparle juste après dans la tendance “checking scientifique”.

Les 5 “vraies” tendance selon… moi (modestement)

Dans la suite de sa présentation, Olivier a présenté des exemples de produits remarquables par leur grand ou petit intérêt, et cartographiés en introduction par un très synthétique quadrant magique : futile / utile vs abordable / inabordable. 

Là encore je vous laisse le soin de regarder le rapport d’Olivier, et vous propose d’en extraire 5 thèmes ou tendances qui m’ont personnellement marqué :

. La gourmandise est dans le Futile

Ou comment on n’ose se laisser tenter et submerger par tant de produits inutiles et ce quelle que soit la catégorie. Rien n’y échappe, ni dans :

  • la santé (le dispositif pour renforcer votre équilibre alimentaire via l’apport de vitamines = le levier de la peur pour vous vendre une machine et une application, qui n’a pas plus de mérite qu’un bon livre sur le sujet et le conseil d’un médecin ou pharmacien), 
  • la cuisine (le distributeur de dose d’huile d’olive congelée = une machine pour reproduire un geste du quotidien sans aucune valeur ajoutée), 
  • Le jardin (la plante connectée avec écran qui vous sourit quand vous l’arrosez = donner une humanité artificielle ou la fausse connivence avec la nature)
  • la mobilité (les smartphone pliants = une innovation technologique sans usage), 
  • le salon (la télé 8K qui doit faire au moins 3m de diagonale = la surenchère technologique pour vous inciter à acheter encore et encore),
  • La maison (la boule robot Samsung qui vous surveille surtout quand vous tournez le dos = bigbrother déguisé en objet tout mignon pour vous faire croire qu’il est votre ami),
  • Les transports (la maquette de drone qui ne volera jamais = comment jeter par la fenêtre tout votre investissement en R&D),

Et j’en oublie…

Mais j’exagère, il y a avait également et fort heureusement de nombreux produits avec une certaine utilité 🙂

. L’absence du Durable

Ou comment on se rend compte que cette forte proportion d’objets inutiles, voir à faible valeur ajoutée, est un terrible gachi d’énergies et de ressources tant matérielles (matériaux, approvisionnement, fabrication, transport), que immatérielles (moyen humains, moyen financiers).

Comme si l’économie circulaire n’avait jamais tenté de passer la porte de ce salon. Peut-être en raison dans sa localisation, à Las Vegas, ville modèle du divertissement, en plein désert, donc bien à l’opposé de ce qu’on pourrait imaginer être une ville “durable”.

Jacques Attali en parlant de la Californie face à ses incendies, se demandait comment des esprits aussi brillants pouvaient se consacrer uniquement et entièrement à des chose aussi futiles ? Comment ne pouvaient-ils pas voir le monde, et ne serait-ce que leur été, leur ville, leur rue, disparaître sous les cendres ?

Et bien j’avais un peu la même impression lors de ma visite au CES en 2016, devant cette absence de recul, de prise de conscience, et de tant de moyens gâchés, alors que nous sommes entourés de causes qui mériteraient toutes notre motivation, nos forces, nos savoirs faire, notre créativité. Apparemment donc, en 2020, le CES continuerait à ne pas voir sa maison qui brûle ?

. L’espoir est dans la Résilience

Ou comment on commence à se poser des questions de produits et solutions locales pour répondre au besoin de ressources vitales (produire de l'électricité, traiter l’eau pour la rendre potable). Voilà l’espoir qui renaît, car effectivement, tous au CES ne détournent pas le regard face à l’incendie. Et chose que je n’avais pas vue en 2016, nombreux sont les produits qui se valorisent autour de la notion de Résilience.

Ce n’est pas une Résilience globale, planétaire et partagée par nos forces politiques et capitalistiques, mais plus modestement celle que notre quotidien révèle chaque jour : celle d’individus qui prennent “seul” le chemin de solutions d’avenir.

Hors cette notion d’individualisme, que l’on critique depuis de nombreuses année comme symptôme majeur de la “décadence de notre société”, révèle ici un autre visage que je considère comme un défi à cette inaction globale.

Que ce soient, un générateur et stockeur d'électricité à capteur solaire mobil et individuel, une serre pour les particuliers ou petites structures (écoles, entreprise, EPAD…) afin de produire leurs fruits et légume en “auto-suffisance”, ou un appareil à traitement des eaux issue de la condensation, tous mettent en avant le caractère local et à petite échelle de leur solution.

Tout comme un individu peut réveiller à lui seul les consciences, j’ai l’espoir que ces petits produits puissent générer, ou aider à générer, une conscience plus globale.

. Le Checking Scientifique nous sauvera

Ou comment on peut (et doit) douter de tout. Une des grandes qualités du travail et de la personnalité d’Olivier, qui a parfaitement transparu dans sa présentation de mercredi, et dont il s’est volontairement fait l’avocat cette année et pour les années à venir, est son état d’esprit d’ingénieur qui n’a de cesse de questionner ce qu’on lui présente.

Non seulement il questionne les usages - voir nos son approche futile / utile, plus haut - mais il questionne aussi et surtout la solution technique.

Et dans un show, une foire, comme le CES, il considère indispensable cette nécessité absolue de “Tech Checker” (comme on ferait du File Checking) les innovations produits, à la manière dont on se doit aujourd'hui de vérifier toutes les informations que l’on reçoit au risque d’être pris au piège des Fake News.

Ce qu’il sous-entend j’ai l’impression c’est que l’on peut tous être facilement victime de “Fake Tech”. Il cite par exemple :

  • les fausse bonnes idées d’innovation pour le batteries, où après étude du sujet, il considère aucune solution technologique comme miraculeuse ;
  • l’IA à toutes les sauces, même si après étude, il s’avère que au mieux on est face à une solution qui met en oeuvre un algorithme ;
  • le “Quantic Washing”, où de nombreux produits arborent le sign prometteur du Quantique pour vendre tout et n’importe quoi,
  • les capteurs en tous genre qui promettent monts et merveille alors qu’il ne fournissent en réalité aucun service tangible,
  • les véhicules volants en maquette dont peut douter de leur capacité physique à voler,
  • Une pomme de terre connecté qui nous permet de comprendre le langage et les émotions de la pomme de terre - Bravo à Nicolas Baldeck, le “Potatoman” pour cette démonstration par l’absurde…

Et à cette activité de checking scientifique qui permet de vérifier la faisabilité d’une innovation, je me permets de lui proposer d’ajouter :

. un checking côté viabilité économique = ce produit a-t-il un marché ? sera-t-il rentable ? viable ?

. un checking côté désirabilité = ce produit répond-il un réel besoin ? Est-ce réellement un solution centrée sur l’humain ?

. un checking côté durabilité = au sens large du terme sur ses dimensions écologiques et sociétales (voir notre livre blanc sur l’innovation durable).

. En attendant, le bonheur est dans le B2B

Ou comment on voit poindre selon moi le véritable point de bascule ; qui est d’abord un signal faible, mais qui pourra devenir grand. Il s’agit du volet “Professionnel” à un salon qui se voulait comme le Show de la Tech Grand-public, et qui vire tout doucement dans un monde moins caricatural.

Un chiffre pour illustrer ce signal faible : contrairement aux autres années, en 2020, la verticale (= le domaine) majoritaire des entreprises de la French Tech présenté au CES est… les produits et service à destination de l’entreprise !

La présence et le lancement d’un nouveau produit phare pour KLAXOON est un très bonne exemple de cette tendance qui va perdurer : au consommateur qui se regarde dans le miroir répond l'entreprise aux origines du produit ou du service.

Et ce au regard des signaux suivants :

. La technologie offre de nouvelles opportunités pour améliorer le quotidien holistique de Monsieur ou Madame tout le monde, tantôt citoyen, tantôt collaborateur ;

. Les startups et les écosystèmes ont bien compris que les leviers de croissance peuvent être trouvés, et rentables surtout, dans le B2B, ce monde du “collaborateur” que l’on découvre ;

. L’explosion du Design (UX/UI, Design Thinking, Design de service, Expérience client ou utilisateur) rend possible ce questionnement du consommateur, et au delà du miroir du collaborateur ;

. En rebond, les entreprises se transforment et se posent les questions de leur avenir et les conséquences sur leurs différents services et BU ;

. Et le rebond n’est pas unique, mais multiple car comme un jeu de Flipper, les réflexions se relancent les unes aux autres, tant côté client que côté entreprise…

 

Et pour l’instant, le rebond ne fait que commencer, car on ne sait pas encore ce que sera notre société de demain, et encore moins l’entreprise de demain. Nous avons tous à s’y consacrer et à en prendre notre part dans son imaginaire, sa proposition et sa réalisation.

Ce n’est pas le CES qui nous en donne chaque année l’image détaillé, mais un simple point de vue, une focale particulière, que Olivier Ezratty nous offre également, à sa manière... et sur laquelle je viens de rebondir 😉

Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

14 janvier 2020

Management de l’innovation : notre vision du Design Thinking dans le livre blanc GAC Group

Livre blanc sur le management de l'innovation ou comment innover par le Design Thinking : avec GAC Group, nous échangeons régulièrement chez use.design (agence spécialisée dans le design thinking, l'UX et l'UI) autour de l’innovation, et cherchons la meilleur manière d’accompagner nos clients respectifs à s’engager sur cette voie de futurs inconnus.

Au cours de nos pérégrinations, nous avons tenté de faire découvrir nos méthodes (approche centrée utilisateur, Design Thinking) - et avons été favorablement accueillis par un public large d’entreprises - comme récemment à Lille pour une table ronde sur l’innovation - souhaitant prendre à bras le corps cette voie de la transformation (digitale, entre-autre).

Et au vue de leur curiosité, et de leur vif intérêt pour le Design Thinking en particulier, nous avons souhaité en faire découvrir l’essence dans un des chapitres de ce livre blanc sur le Management de l’innovation.

Nous avons pensé cette courte introduction comme une une version extrêmement condensée que n’importe quel manager dans une entreprise puisse lire rapidement, se l’approprier sans jargon, et en comprendre les rouages afin d'actionner rapidement ce qu’il en aurait retiré.

Un grand merci @Baptiste et @Sofia pour nous avoir invité à participer à ce livre blanc, et en espérant que vous en tirerez un apprentissage pour vous aider à innover.

Ce livre blanc vous est proposé par Use.Design, agence de design thinking à Paris organisant régulièrement des ateliers d'idéation.

Innover par le design thinking

A propos de ce livre blanc

Voici comment est présenté ce livre blanc sur la page du site GAC Groupe :

“Vous découvrirez dans ce Livre blanc que le management de l’innovation ne doit pas être vu que comme l’utilisation de méthodes de travail ou d’idéation.

Manager sa stratégie d’innovation consiste bien à intégrer l’ensemble des composantes de ce qu’on appelle « l’innovation » : financement, marketing, management et sécurisation…

Ce livre blanc a pour vocation de fournir les clés essentielles pour utiliser les méthodes de management les plus efficaces (brainstorming créatif, design thinking, CK, lean startup…) via des retours d'expériences de Startup, PME/ETI et Grands Groupes et en même temps, de vous permettre de créer une stratégie globale autour de vos projets d’innovation.

Innover par le design thinking vous permettra d’envisager l’innovation de manière globale et d’avoir une idée plus précise sur les principaux aspects d’un management de l’innovation efficace :

  • Ingénierie financière : stratégie de financements publics et privés des projets
  • Valorisation et protection des innovations
  • Détection d’opportunités, validation du potentiel de business et des leviers de croissance
  • Mise en place des modèles économiques et stratégie et exécution commerciale

Et pourtant, nous sommes déjà tous concernés par cette nouvelle ère…”

Extrait du livre blanc : notre chapitre sur le Design Thinking

Nous vous laissons le soin de télécharger le livre blanc ici sur la page du site GAC Group, et vous présentons ci-dessous un extrait de l’article que nous avons co-rédigé sur le Design Thinking. Bonne lecture et à très bientôt pour échanger sur ce thème :

Une des questions que l’on pose souvent, est : comment cette méthode de management peut-elle répondre à un futur qui ne cesse de se complexifier en proposant des offres adaptées ?

L’époque dans laquelle nous vivons ne cesse d’accélérer et de se complexifier. Aujourd’hui, les décideurs craignent de perdre leur avantage compétitif et/ou se faire « disrupter ». La technologie est « morte » (cf. la Hype Cycle de Gartner qui montre que toutes les nouvelles technologies sont en phase de désillusion), vive l’expérience client (Exemple : l’obsession d’Airbnb ou de Netflix pour l’expérience utilisateur, l'UX de leurs sites respectifs) !

La pérennité d’une société s’articule désormais autour de sa capacité à penser une stratégie d’innovation qui permettra à son client de vivre une expérience la plus riche et la plus épanouissante possible, le plus longtemps possible (Exemple : Apple avec le smartphone, Nespresso avec les capsules de café...).

Innover par le Design Thinking permet d’éclairer les entreprises sur les bonnes décisions à prendre en fonction des signaux faibles et forts identifiés sur le terrain par une approche empathique (complémentaire aux approches data).

Définition du Design Thinking

Le Design Thinking est une méthode de management de l’innovation qui modifie totalement la façon d’innover et de travailler car elle met au centre de sa conception l’humain (qu’il soit un client, un utilisateur, un collaborateur, etc.).

Le Design Thinker travaille par explorations structurées successives pour révéler des « insights » : des apprentissages ou des leçons apprises sur le terrain au contact des principaux intéressés. D’un point de vue marketing, on les appelle souvent des « consumer insight » (perception du consommateur d’un problème).

La plupart du temps, les organisations (notamment via les services de R&D) travaillent d’abord sur les aspects de faisabilité technique, puis de viabilité financière. Or, dans cette approche dédiée à l’innovation, on s’intéresse d’abord à l’aspect « désirabilité ».

C’est bien là toute la différence : s’intéresser avant toute chose aux raisons pour lesquelles nos produits/solutions vont être désirés :

  • quels sont les problèmes réels auxquels nous répondons ?
  • quels sont les usages attendus ?
  • comment faire en sorte que notre idée y réponde de la manière la plus désirable possible ?

C’est à l’intersection de ces trois dimensions que se trouvent les innovations. 

Dans quelle situation peut-on innover par le design thinking ? - Comment cela fonctionne ? - Exemple - Les points forts, à retrouver sur le livre blanc sur la page du site GAC Groupe.

Pour plus d'articles sur des sujets liés à l'UX design ou l'UI design, consultez notre blog.


Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design thinking  & UX/UI Design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

12 novembre 2019

Quand le cinéma témoigne des pratiques design

Design Fiction : quid du parcours utilisateur et de l'UX dans les films ainsi que de l'impact du cinéma sur l'expérience spectateur/utilisateur ? Dans le domaine de l’innovation, on sait à quel point la science fiction (en littérature et au cinéma) a pu et peut encore fortement inspirer les créateurs et fondateurs de startups. Le Design Fiction est même en passe de devenir une pratique privilégiée quand on souhaite se projeter sur une vision, un imaginaire lointain. La série Black Mirror en est une bonne concrétisation quant à sa capacité à rendre tangibles ces bien tristes scénarios de nos probables futurs. A l’opposé de cette vision lugubre, je vous invite à découvrir, et participer, aux ateliers de Bright Mirror imaginés par l’agence Bluenove, afin de prendre le contre-pied et de co-imaginer un futur lumineux.

Cet article sur l'UX dans les films et les pratiques design dans le cinéma, les séries et le docu-fiction vous est proposé par l'agence Use.Design spécialisée dans l'UX/UI Design et l'optimisation du parcours utilisateur d'une application mobile/web ou d'un logiciel SaaS.

Le design dans la fiction

Avant de concevoir du design fiction en découvrant notre futur, empli de désespoir ou d’idéal, des films, séries, ou docu-fiction, les réalisateurs de cinéma ou de séries ne pourraient-ils pas, en nous offrant un regard, une mémoire sur le passé, nous proposer des témoignages sur les bonnes ou mauvaises pratiques de la création et des méthodologies du design au cinéma et à la télévision ?

Et bien, oui 🙂 nous vous en avons déniché quelques uns.es, qui ont pour chacun.e l’intérêt de nous dévoiler un volet, un point de vue particulier...

Film - Le Fondateur, ou le prototypage rapide

Ce film, parfait exemple du design fiction, raconte une partie de l’histoire de la marque Mc Donald. elle se concentre sur la relation entre les 2 créateurs, les frères Richard « Dick » et Maurice « Mac » McDonald, et le fondateur, Raymond « Ray » Kroc, qui va en faire le modèle de succès de business que l’on connaît.
Parfait exemple de l'UX dans les films, une des découvertes de cette oeuvre de fiction inspirée d'une histoire réelle est le travail de prototypage des 2 frères, tel un prototype UX design dansle cinéma, pour imaginer le fonctionnement parfait de leur restaurant de Burgers. En effet, au lieu de faire un plan et d’imaginer un process, ils vont louer un terrain de Tennis, pour y simuler à l’échelle 1, l’organisation des différentes activités, et le fonctionnement complet de la cuisine.
C’est donc la preuve d’une conception centrée utilisateur, itérative et co-créative !

Série - Mind Hunter, ou la définition de Personas

Si le thème des tueurs en série ne vous fait par peur, voir au contraire vous intéresse (sic), voici une excellente série, tirée de 2 livres des principaux protagonistes, qui va vous plonger dans la genèse de la compréhension des Serial Killers par le FBI à la fin des années 70 et début des années 80.
Chose étonnante dans la série, plusieurs scènes peuvent être reliées aux pratique du design centré humain/utilisateur, et de l’idée même de la démarche : si vous voulez arrêter ce type de meurtriers, il faut :
- aller sur le terrain, comprendre le passé pour mieux comprendre le futur ;
- multiplier les interviews avec les différents détenus, afin de trouver les traits communs ;
- prendre des chemins détournés, et faire des écarts, car chaque rencontre est différentes et peut mener à l’idée ou la compréhension soudaine de nouveaux concepts clefs ;
- et enfin, faire le tri des informations, sous forme de cartes, afin de classifier les différents profils de meurtriers en série. Ou en d’autres termes, définir des Personas !

On vous laisse juge du critère principal de cette méthode de design centré humain/utilisateur : faire preuve d’empathie 😉

Le design dans le docu-fiction : Gutenberg, l'aventure de l'imprimerie, ou la première startup de l’histoire ?

Si on parle souvent de l'UX dans les films ou les séries, n'oublions pas les documentaires qui ne sont pas en manque d'exemples de design fiction réussis. Dans ce documentaire, de très belle facture et riche d’enseignements sur l’histoire de l’invention de l’imprimerie, on prend le prétexte de la découverte de la vie (mouvementée et mystérieuse) de Gutenberg, pour plonger dans l’aventure… d’une start-up !
En effet, tout est réuni : l’idée, les financeurs, le marché, les innovations technologiques (très nombreuses), et bien sûr la dimension design avec les prototypes, le temps interminable de tests et d’itérations, l’invention typographique...
Selon moi, la leçon à retenir de de docu-fiction de très bonne facture, est que la start-up de Gutenberg est un parfait échec commercial ! En effet, même si son invention va révolutionner le monde, en son temps, elle ne lui aura rien rapporté.

Série - Silicon Valley, ou les tests utilisateurs

Vous avez toujours voulu découvrir la face cachée d’une startup de la Silicon Valley ? Et bien cette série est faite pour vous 😉 Vous y trouverez de nombreux exemples, à suivre ou plutôt à ne pas suivre, d’une parfaite démarche produit/design.
Et dans ce genre “mauvaise pratique”, je vous suggère cet extrait d’une évaluation de groupe, où le fondateur tente désespérément de convaincre son panel de la qualité de son interface.
Merci à Hugues Randriatsoa pour le partage.

L'UX dans les films : Sully, ou le facteur humain pour le meilleur - (spoiler)

⚠️ Attention, même si c'est un sujet qui est passé dans l'actualité, si tu n'as pas vu le film, ne lis pas ce qui suit ⚠️

Rares sont les films qui racontent la réussite d’un sauvetage de crash aérien avec le point de vue de l’équipage. Hors c’est le cas ici, dans cette folle histoire du vol 1549 US Airways qui a atterri dans (ou plutôt sur) l’Hudson à New-York City en janvier 2009.
Dans ce film de 2016, Clint Eastwood, via l’excellent acteur Tom Hanks, nous présente l'enquête dans le détail, et les doutes du Pilote et de son copilote, qui semblent les mener à leur mise en accusation…
Avant le rebondissement final, dans lequel Tom Hanks qui campe le pilote héros Chesley « Sully » Sullenberger, parvient à démontrer à tous ses accusateurs qu’ils avaient juste oublié de tenir compte d’un facteur dans leur simulation de crash - qui selon eux était évitable - : le facteur humain !

L'UX dans les films : Tchernobyl, ou le facteur humain pour le pire - (garanti sans spoiler)

Récemment la chaine de télévision M6 a rediffusé l'excellente mini-série sur la catastrophe de Tchernobyl, catastrophe nucléaire qui est survenue en Ukraine le 26 avril 1986.
Contrairement à l'exemple précédent dans le film Sully, ici bien c'est le facteur humain qui a causé la catastrophe. Je ne parlerai pas du volet politique, mais d'un aspect qui est présenté dans les premiers épisodes : le manque, quasi l'absence, de confiance de l'utilisateur envers le système et les informations qu'il présente…

Le responsable de la salle - contrairement à ses collègues - refuse la réalité. Il ne peut imaginer ce qui est en train de se produire. "Ce type de réacteur RBMK ne peut exploser, ce n'est pas possible !". Le responsable refuse toutes les informations que lui présente la technique (les consoles), l'humain (ses collègues), et ses propres sens (l'ouïe, le mouvement...). Tout son corps est convaincu de l'impossible, et rien ne pourra le construire, jusqu'à la catastrophe. La question que je me pose, c'est si les concepteurs avaient envisagé ce comportement ? Doit-on justement en tant que concepteurs d'IHM/interfaces, se donner comme critère la confiance de l'utilisateur aux informations qu'on lui présente ?

A l'heure de la révolution annoncée des Intelligences Artificielles d'un côté, des fake-news ou des dark-pattern de l'autre, je pense que ce sera une question à se poser demain comme concepteur, voir LA question principale...


Cet article sur le parcours utilisateur et l'UX dans les films via le Design Fiction dans le cinéma a été rédigé par Patrick Avril — CEO  @ Use Design, une agence de design à Paris qui donne vie à des stratégies, des produits digitaux et des services innovants.

Agence de design UX UI à Paris, accompagne les créateurs de produits digitaux qui facilitent la vie professionnelle depuis 2002

View